Les éditions électroniques de la presse française d'hier (vendredi 21 avril), soit quatre ans après avoir évité de justesse de retrouver Jean-Marie Le Pen, 77ans, leader du xénophobe Front National (FN) à l'Elysée, restent dominées par ce constat : un sondage vient de démontrer que 34% des Français affirment que l'extrême droite, incarnée notamment par le FN, est proche des préoccupations des Français. La colère des banlieues, les difficultés économiques, la crise du CPE, les coups bas échangés entre de Villepin et Sarkozy..., autant de causes au phénomène de transfert de colère qu'une opinion lassée des politiques traditionnelles a pratiqué. Le second titre reste le déplacement du président Abdelaziz Bouteflika, 69 ans, à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce de Paris. Et les deux titres de manchettes sont liés par l'attaque de Le Pen, ancien « para » tortionnaire durant la guerre de Libération, qui a déclaré sur LCI, vendredi matin, que Bouteflika aurait dû être hospitalisé en Arabie Saoudite ! José Garçon, journaliste à Libération, tisse le lien entre la déclaration de Bouteflika à Constantine - « le génocide identitaire » - et le récent « contrôle médical » : « La virulence de cette déclaration semble, à elle seule, démentir que la venue à Paris du chef de l'Etat algérien était ‘'prévue de longue date''. On le voit mal, en effet, s'en prendre aussi violemment à la France cinq jours avant de venir y effectuer un ‘'contrôle médical'', au risque d'être moqué par des Algériens incrédules face à une telle contradiction. Tout indique en fait que l'état de santé du Président algérien s'est brusquement aggravé pour qu'il préfère venir dans un hôpital qui connaît son dossier sur le bout des doigts. Quitte à s'exposer aux railleries de la population. » Pour Le Figaro, proche de la droite, qui révèle qu'il s'agit de la troisième visite du Président algérien depuis l'intervention chirurgicale en automne dernier, « la déclaration du Président algérien rend ainsi peu probable une concrétisation prochaine du traité d'amitié franco-algérien que le chef de la diplomatie française était vainement venu plaider (à Alger) ». Libération croit avoir diagnostiqué le mal présidentiel : « Alors qu'Alger s'évertuait à dédramatiser son état, toutes les sources crédibles s'accordaient sur un diagnostic : cancer de l'estomac. L'allégement très sensible de ses activités et de rarissimes apparitions pendant plusieurs semaines n'avaient fait que confirmer la gravité de son état. » Dans sa majorité, la presse on-line a reproduit les dépêches d'agences avant la vague des papiers maison. La place de choix revient aux déclarations « scandalisées » d'une droite qui peine à se démarquer de son extrême. De l'UDF à l'UMP, sans parler du FN et de Phillipe de Villier, une certaine classe politique réactionnaire, qui se retrouva à la marge lorsque la rue des jeunes a crié au scandale CPE, tente d'imposer sa vision de « l'Algérie de Papa ». Le malaise paraît profond : en pleine polémique sur la nouvelle loi sur l'immigration -que les Eglises de France, entre autre, dénoncent- et la cicatrice mal refermée de la colère des banlieues, la France politique s'éloigne de la France de tous les jours au point de jeter autant de pourcentages d'opinion dans les bras chargés de brassards de l'extrême droite frontiste.