A Béjaïa, bastion de la mobilisation des communaux, près de 90% des 52 communes de la wilaya sont paralysées par une grève ouverte lancée depuis dix jours par le Syndicat national des personnels de l'administration publique (Snapap). «Hormis l'APC du chef-lieu de wilaya, où seuls 50% des agents ont adhéré au mot d'ordre de grève, partout ailleurs, que ce soit au niveau de la vallée de la Soummam ou du littoral, les communes sont totalement paralysées», rapporte M. Kerkour, premier responsable du Conseil national du secteur des communes (CNSC) activant sous la coupe du Snapap. Après la réussite de la marche jeudi dernier à Béjaïa, les communaux prévoient de revenir à la charge aujourd'hui. Un appel a été lancé pour une autre manifestation de rue qui sera ponctuée par un rassemblement devant le siège de la wilaya. Dans leur plateforme d'action, les communaux ont prévu d'observer des marches et des rassemblements, chaque jeudi, devant le siège de la wilaya. Dans la foulée, le conseil du secteur des communes dénonce «des pressions exercées par l'administration sur les grévistes». Un télégramme, signé par le directeur de l'administration locale (DAL), adressé aux présidents des APC et aux chefs de daïra, exhorte ces derniers à «réquisitionner l'ensemble du personnel des communes en situation de grève afin de reprendre ses fonctions». «En cas de refus d'obtempérer, il faut procéder au dépôt de plainte à l'encontre de ce syndicat», lit-on encore sur cette instruction administrative. Cette attitude de l'administration a provoqué un tollé parmi les syndicalistes du Snapap qui étaient en réunion à Béjaïa. «Nous dénonçons les pressions et les intimidations de l'administration visant à réquisitionner les agents des communes pour casser la grève», fustige M. Kerkour. Ce responsable syndical dénonce ce qu'il considère être comme «une entrave à l'exercice des libertés syndicales et du droit de grève». Le Snapap compte saisir les organisations nationales et internationales de défense des libertés de l'activité syndicale. «Notre grève est légale et légitime. Nous avons assuré le service minimum dans tous les secteurs publics vitaux. Les autorités cherchent ni plus ni moins le pourrissement», peste encore M. Kerkour. Les travailleurs communaux se disent «très mobilisés et déterminés à poursuivre leur grève jusqu'à satisfaction totale de leurs revendications». Ils réclament la revalorisation du point indiciaire, la promulgation du régime indemnitaire, l'abrogation de l'article 87 bis de la loi 90-11, le maintien de la retraite sans condition d'âge, l'intégration des contractuels, le respect des libertés syndicales et le droit de grève.