Pour la première fois dans la wilaya de Tizi Ouzou, une grève générale a été observée au chef-lieu de wilaya pour dénoncer les kidnappings, exiger la libération des otages et apporter un soutien aux familles des victimes des deux récents enlèvements. Initiée par la coordination des comités de village de la daïra de Beni Douala, cette grève générale a vu l'adhésion de l'ensemble des commerçants qui ont baissé rideau tôt dans la matinée. Les étudiants de l'université Mouloud Mammeri ont apporté de leur côté leur contribution à cette action en marquant un arrêt des cours dans plusieurs départements. C'est une expression forte de l'indignation de la population vis-à-vis de la situation sécuritaire qui prévaut en Kabylie. Cet élan de solidarité avec les familles des otages dénote, également, la prise de conscience de la population locale et le rejet du diktat des terroristes. A ce propos, cette mobilisation, qui dépasse le cadre villageois, se veut un cri de détresse d'une population isolée, livrée à elle-même où l'implication des services de sécurité dans la protection des citoyens laisse à désirer. Les mots d'ordre «Libérez Mourad», «Halte au kidnapping» et «Pour plus de sécurité» ont été massivement suivis. Hier, à partir de 9h, les quelques commerces qui sont restés ouverts ont vite fait de se joindre à l'action. On apprend, par ailleurs, que la rencontre des membres de la cellule de crise de Beni Douala avec le wali de Tizi Ouzou a été reportée à aujourd'hui. Le frère de l'otage Mourad Bilek était ému devant la mobilisation citoyenne. «J'étais confiant, mais je n'imaginais pas un tel suivi de la grève. Je remercie du fond du cœur la population de Tizi Ouzou qui a répondu favorablement à l'appel des habitants de Beni Douala à la mobilisation», déclare le frère de Mourad, esquissant l'espoir que cette mobilisation payera et que les otages, son petit frère notamment, rentrent enfin à la maison. «Cela prouve que nos concitoyens sont conscients des enjeux et du danger qu'impliqueraient la persistance des rapts et tout autre acte criminel dans la région. Ils refusent d'abdiquer et veulent vivre en paix», ajoute-t-il avec une émotion dans la voix. A rappeler que les deux citoyens, originaires de Aït Aïssi et de Mechtras, ont été enlevés à trois jours d'intervalle par des hommes armés, déguisés en éléments des services de sécurité. Les kidnappeurs agissaient à visage découvert, selon nos sources. Mourad Belik a été enlevé sur le CW100, au lieudit Thala Bounane, entre Tizi Ouzou et sa commune d'origine, Ath Aïssi. En captivité depuis 12 jours, sa famille n'a reçu aucune nouvelle de lui. La deuxième victime, Hammour Ali, 71 ans, propriétaire d'une marbrerie, a été enlevé le 14 mai dernier en rentrant chez lui le soir, à Mechtras. Ses proches sont sans nouvelles de lui depuis 8 jours.