C'est désormais officiel. Le mouvement des redresseurs du FLN est né. Après plusieurs réunions «secrètes» et des déclarations «éparpillées», les redresseurs se constituent en mouvement pour remettre le FLN sur «sa ligne politique». Lors d'une réunion tenue le 3 novembre dont nous détenons une copie du PV, ont été installés les membres de cette structure «réclamée par la base» selon ses initiateurs, désormais appelée «le mouvement de redressement et de l'authenticité» dont la coordination est confiée à l'ancien ministre du tourisme, Mohammed Seghir Kara. Les frondeurs ne cachent désormais plus leurs intentions. L'actuel secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, est pointé du doigt. Il est désigné nommément comme seul responsable de la situation que vit le FLN. «Après étude de la situation désastreuse dans laquelle se trouve le parti, résultat des agissements de Belkhadem qui a pris des décisions suicidaires, l'instance a décidé d'installer les membres du mouvement de redressement et de l'authenticité», est-il noté dans le PV d'installation. Composée de 24 membres, la nouvelle structure du FLN comprend les noms d'actuels ministres, comme El Hadi Khaldi et Mahmoud Khedri, d'anciens ministres à l'instar du coordinateur actuel du mouvement, Mohamed Seghir Kara, ou encore de Abderrachid Boukerzaza et Boudjemaâ Haichour, l'ex- ministre des TIC, mais aussi des cadres et députés, entre autres Salah Goudjil, Abdelkrim Abada. Les membres du néo-mouvement «ont pour mission d'actionner tous les mécanismes réglementaires, constitutionnels et organisationnels pour remettre le parti dans sa vraie ligne politique», lit-on encore dans le PV. Les sorties toutes récentes de Salah Goudjil et de El Hadi Khaldi et leurs déclarations on ne peut plus «ciblées» confirment la tendance. Tout en affirmant que le mouvement est une «une réponse à l'appel de détresse de la base», les deux cadres du FLN n'hésitent plus à accuser Abdelaziz Belkhadem de s'être «octroyé le droit d'enfreindre la loi et les règles du parti à plusieurs reprises», lui rappelant que «le zaïmisme n'est pas autorisé au FLN», qui «ne peut pas être géré comme une zaouïa». La traduction devant le conseil de discipline des «leaders» de ce mouvement qui avaient dans un premier temps refusé de parler de redressement, insistant sur les seuls «dérapages de la direction» semble avoir accéléré sa naissance. Mohamed Seghir Kara nous a déclaré au lendemain de la décision «irréfléchie» de Belkhadem que le secrétaire général est seul passible de cette «sanction» pour avoir enfreint les statuts du parti. Les redresseurs ont ensuite explicité à plusieurs reprises les raisons de leur action, divulguant à chaque fois des «affaires» et «des coups bas» de l'actuelle direction qui a écarté selon eux tous les militants sincères, promettant même d'autres «révélations». Les échauffourées et autres bagarres à couteaux tirés qui caractérisent encore l'opération de renouvellement des structures du parti qui devait s'achever le 31 octobre «donnent raison» aux redresseurs qui reçoivent le soutien de la base. Belkhadem a été destinataire de recours émanant de plusieurs kasmas dénonçant le déroulement des élections au niveau local. Abdelaziz Belkhadem qui a enfin consenti à reconnaître l'existence d'un mouvement de redressement est mis au pied du mur. Comment va-t-il réagir maintenant que ses adversaires agissent à visage découvert ?