La polémique relative à la gestion des œuvres sociales du secteur de l'éducation est loin de s'estomper. Le monopole de l'UGTA, sur la gestion de cette énorme manne financière, est de plus en plus contesté par les syndicats autonomes de l'éducation qui deviennent plus représentatifs. Leur protestation semble justifiée. Après avoir exigé la désignation d'une commission autonome pour gérer les œuvres sociales du secteur, le Conseil national autonome des professeurs du secondaire et technique (Cnapest) donne des preuves sur «la mauvaise gestion» de cet argent appartenant à tous les travailleurs du secteur. En effet, le Cnapest présente des documents confortant sa position. Le bureau de la wilaya de Bouira de cette organisation syndicale brandit les résultats d'une enquête de l'Inspection générale des finances (IGF) menée en 2003. Les conclusions de cette enquête, qui n'est pas prise en considération pour le moment, lèvent le voile sur d'énormes insuffisances dans la gestion des œuvres sociales. «L'examen de la gestion des œuvres sociales de l'éducation de la wilaya de Bouira a permis de mettre en évidence plusieurs insuffisances ayant un impact sur la gestion de cette structure», lit-on dans le document de l'IGF, dont nous avons obtenu une copie. Ce document de 60 pages, met l'accent en particulier sur l'absence de rigueur dans la gestion des deniers publics. «L'absence de contrôle a énormément favorisé le manque de rigueur constaté dans la gestion des deniers, notamment les prêts sociaux, et la non ou mauvaise tenue des documents comptables exigés par la réglementation en vigueur», explique-t-on encore. Les remarques de l'IGF concernent aussi le manque de moyens humains compétents ayant une expérience dans les domaines de la gestion et de la comptabilité et l'insuffisance des moyens matériels au niveau de la structure chargée des œuvres sociales de la wilaya de Bouira. «D'une manière générale, cette commission ne remplit pas ses missions conformément au dispositif réglementaire régissant les œuvres sociales», précisent aussi les enquêteurs de l'IGF. Selon la même source, ladite commission s'est limitée à l'octroi des prêts, des aides sociales et l'improvisation de quelques activités, alors que ses prérogatives sont beaucoup plus étendues. Outre les questions relatives à la gestion et la comptabilité, l'IGF a relevé d'autres anomalies concernant la gestion du parc automobile, la gestion des stocks, les délibérations et le fonctionnement de la structure de gestion… Et ce n'est pas tout. Selon le premier responsable du bureau du Cnapest à Bouira, Messaoudi Zoubir, les commissions d'enquêtes envoyées, depuis 2008, par le ministère de l'Education, pour faire la lumière sur la gestion des œuvres sociales «n'ont donné aucun résultat pour l'instant». «Le gel des activités de la commission de wilaya chargée des œuvres sociales a lourdement pénalisé les travailleurs du secteur», souligne-t-il. Afin de remédier à cette situation, le Cnapest demande l'intervention du président de la République pour dépêcher une commission d'enquête pour faire la lumière sur les dépassements enregistrés.