Les consultations politiques pilotées par Abdelkader Bensalah, le président du Conseil de la nation, donnent de plus en plus l'impression d'être un remake des nombreux «débats nationaux» organisés ces 10 dernières années sur l'avenir du pays. Les choses sont bien parties pour se faire sans le gros de l'opposition. Et comme pour les précédentes fois, le pouvoir ne semble pas trop s'en soucier. Après près d'une semaine de rencontres, Bensalah et son staff – qui se compose d'un conseiller du chef de l'Etat et d'un général-major à la retraire – semblent animés davantage par le souci de montrer aux yeux de la communauté internationale que le pouvoir algérien est ouvert au débat que par le désir véritable de changer le système en profondeur ainsi que le revendique la société. Au lieu de convaincre les acteurs politiques réellement représentatifs et les associations de la société civile crédibles de rejoindre la table des discussions, les décideurs paraissent, au contraire, presque heureux de n'avoir à faire qu'à des sous-traitants politiques où encore à des formations sans réel ancrage. Le plus important, semble-t-il, est que les caméras de la télévision nationale soient là pour filmer les va-et-vient des délégations appelées à être reçues par le président de l'«Instance de consultation sur les réformes politiques». Telle que la démarche était «goupillée» à la base, il était déjà prévisible que l'opposition décline l'invitation de la présidence de la République. Mais au lieu de s'atteler à réunir les conditions minimales pour garantir le succès de ces consultations politiques, les organisateurs ont préféré faire la sourde oreille aux revendications des partis et s'agripper à leur logique. Faut-il maintenant s'attendre, durant les prochains jours, à un changement d'attitude de la part des initiateurs de ces consultations politiques ? Très peu probable. C'est, du moins, le point de vue soutenu par le politologue Rachid Grim qui estime qu'«il ne sortira rien des rencontres politiques même si celles-ci venaient s'étaler encore sur deux ou trois semaines». La raison ? Rachid Grim pense d'abord que «ceux (les acteurs, ndlr) qui ont quelque chose à dire n'y sont pas» et qu'ensuite ces rencontres ne sont rien d'autre qu'un «spectacle» destiné à donner l'illusion que les choses changent ou qu'elles vont changer alors que les jeux sont déjà faits. Soutenant l'idée que la présence dans l'Instance de consultation sur les réformes politiques du général Touati n'est destinée qu'à donner du crédit à la démarche initiée en vase clos, M. Grim s'est montré convaincu que toute l'opération, qui a d'ailleurs aujourd'hui tendance à se banaliser, est faite en réalité pour préparer la relève du président en exercice. Une relève, a-t-il ajouté, qui viendra du sérail et qui fera en sorte de garder le système intact. L'instance de consultation sur les réformes politiques qui a débuté les consultations samedi passé est, rappelle-t-on, appelée, au terme de ses entretiens avec les partis, à établir un «rapport final détaillé» des propositions émises par les participants. Ce rapport sera, dans un second temps, soumis au président Bouteflika vers la fin du mois de juin prochain. Il est prévu ensuite que le chef de l'Etat instruise le gouvernement afin que celui-ci élabore, sur la base de ce rapport, des projets de loi qui seront soumis à l'APN lors de sa session d'automne en septembre prochain.