La clinique de chirurgie obstétrique Sbihi Tassadit, dépendant du secteur sanitaire de Tizi Ouzou, connaît un mouvement de protestation de son personnel médical depuis le 6 décembre. L'aggravation du conflit opposant la trentaine de médecins de l'établissement à la direction du secteur sanitaire a débouché sur une grève illimitée assortie d'un sit-in quotidien au sein même de la clinique. Celle-ci compte une trentaine de médecins et une cinquantaine d'infirmières et de sages-femmes. « Depuis deux mois, notre clinique connaît de nombreux problèmes : le bloc administratif est occupé par le secteur sanitaire et cela a induit une exiguïté des lieux. Le paradoxe est que les lieux deviennent de moins en moins spacieux alors que la population que nous prenons en charge ne cesse quant à elle de croître. Pourtant, la structure administrative ne doit empiéter sur celle technique », nous dit, déterminé, un médecin spécialiste rencontré au premier jour de la grève. « Avec 80 lits aménagés, la clinique connaît pourtant un taux d'occupation de près de 160 %. A notre sens, la vocation première de l'établissement est de fournir des soins et non des services administratifs pour le citoyen. Nous faisons face à un manque d'infirmières, alors que nous pratiquons plus de 4500 accouchements par an. Le sous-effectif en agents paramédicaux est criant et la norme prévoit une infirmière pour une douzaine d'infirmiers », ajoute notre interlocuteur entouré de ses confrères qui acquiescent. Les médecins, « excédés par le climat tendu qui prévaut au sein de la clinique », ont établi leur préavis de grève le 6 décembre et « cela s'est accompagné d'intimidations ; l'administration nous soumet à un questionnaire », précisent-ils. La grève illimitée se justifie, selon les médecins grévistes, par le fait que « nous ne pouvons tolérer cet état de fait qui ne manquera pas de déteindre sur la qualité des soins offerts aux malades. Nous ne disposons pas de bureaux pour recevoir nos patients, et les consultations se font dans les chambres de garde, bien qu'elles soient inappropriées ». Nos interlocuteurs appellent à la rénovation urgente de cette clinique qui couvre aussi les wilayas de Bouira et de Boumerdès. Pour sa part, une femme médecin, parlant des conditions de travail, rappelle que « depuis 1998, cette clinique ne cesse de se dégrader : manque de gants et de seringues, ascenseur non fonctionnel depuis quelques jours, tout autant que la climatisation ». « Nous n'opérons plus à partir du mois de juin en raison des fortes chaleurs et de l'inexistence d'une installation de climatisation », ajoute un médecin, qui précise que « nous n'avons été reçus par aucun responsable, mais dans ces conditions, chacun doit assumer ses responsabilités ». Nos interlocuteurs, tout en déclarant vouloir offrir la meilleure prestation aux parturientes au sein de cette importante clinique de chirurgie obstétrique, appellent les responsables « à fournir un minimum de conformité aux normes sécuritaires et de fonctionnalité », tout en leur rappelant qu'il « est question d'aménager un service de néo-natalité, mais les travaux sont à l'arrêt, alors qu'il ne manque que les conduites d'oxygène ». Nos tentatives d'avoir l'avis de la directrice du secteur sanitaire de la ville de Tizi Ouzou, à ce sujet, sont restées vaines.