Le 26e sommet des pays du Golfe (Arabie Saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Bahreïn, Koweït et Oman) s'est ouvert hier dans la capitale émiratie, Abou Dhabi, dans un climat marqué par des mesures de sécurité exceptionnelles. Baptisée « sommet du roi Fahd », à la mémoire du défunt émir saoudien, cette réunion annuelle des six chefs d'Etat avait pour objectif de « dépoussiérer » certains dossiers et contentieux qui barrent la route vers une véritable union régionale. Les travaux de la première journée ont été consacrés au conflit syro-libanais et à celui qui met aux prises les Emirats arabes unis avec l'Iran. Les six pays ont réitéré leur soutien pour le Liban, exigeant que la lumière soit faite en ce qui concerne l'assassinat de Rafic Hariri. Ils ont également demandé à l'Iran de bien vouloir restituer les trois îles émiraties qu'il occupe depuis 1974. Selon le ministre émirati des Affaires étrangères, M. Al Nuaïmi, « les Emirats continueront toujours à revendiquer la paternité de ses trois îles pacifiquement. Aucune option militaire n'est envisagée et n'est envisageable dans le futur ». Et de continuer : « Nous travaillons dans un esprit de fraternité et de bon voisinage avec nos frères iraniens pour que la petite et la grande Tomb et l'île d'Abou Moussa nous reviennent. » D'autres dossiers, tels que le marché économique commun prévu pour fin 2007 et la mise en place d'une monnaie unique en 2010, ont fait l'objet de discussions entre les rois des six pays qui ont « réitéré leur volonté d'aller vers plus d'union politique et de complémentarité économique et sociale » et de favoriser l'émergence d'une société civile, en ayant recours aux élections législatives et communales pour asseoir la démocratie. Pourtant, sur le terrain, le projet de la mise en place du passeport commun tarde à voir le jour et la construction d'une voie ferrée devant relier l'ensemble des pays du Golfe d'ici à 2009 est remise aux calendes grecques. Pis, selon certaines indiscrétions, les discussions ont aussi porté sur l'éventualité de la suppression de l'embryonnaire défense commune appelée « force de persuasion » mise créee en 1986, « à cause, a-t-on dit, de l'inexistence de dangers imminents qui guettent la zone du Golfe ». « Faux », rétorquent les stratèges militaires, qui estiment que la suppression d'une telle force est d'abord due « au fait que chaque pays du Golfe a signé individuellement des accords de coopération militaire et de protection avec les Etats-Unis ». Sur le front social, le sommet a prévu, lors de sa séance d'aujourd'hui, d'examiner le problème rampant du chômage, qui commence à menacer des pans entiers des sociétés des pays du Golfe. Une seule réponse pratique est pour l'instant proposée par les pays participants : nationaliser au maximum les postes d'emploi et recourir le moins possible aux compétences occidentales. Bien qu'elle soit simple sur le papier, cette équation paraît dure à résoudre dans la réalité.