Généreux, certes, mais pas crédules ! Les ksouriens de Ouargla qui ont fait don de leurs palmeraies au profit de la communauté montent au créneau. Et pour cause, un particulier, avec la complicité de la bureaucratie administrative, fait main basse sur le terrain censé abriter un projet d'intérêt public. Passifs, inactifs, béni-oui-oui, les ksouriens de Ouargla ont toujours eu mauvaise presse. Résolus contre les manifestations de violence et les saccages accompagnant les émeutes qui secouent la wilaya depuis sept ans, les fondateurs de Ouargla se sont révoltés la semaine dernière à cause de la dilapidation du foncier ksourien. Une première dans les annales locales. Leur sit-in a été organisé de nuit aux abords du ksar, le blocage de la route a exclu les véhicules à destination de l'hôpital à proximité, pas de pneus brûlés ni de pillage. Les ksouriens, citadins qui ont offert à la communauté leurs meilleures terres, les palmeraies de Bahmid et Ifri, refusent que celles-ci quittent la sphère publique. La parcelle de terrain objet du litige, de 1500 m2, est la dernière portion d'une palmeraie expropriée par l'Etat à feu Khémis Baâfou. Son héritier reconnaît que les autorités de la wilaya de Ouargla n'ont pas nié sa propriété de la parcelle litigieuse et que la situation a été compliquée par la bureaucratie des services du cadastre qui ont atermoyé ses demandes de régularisation durant 40 ans. Et même si les tôles du chantier mis en place la semaine dernière ont été enlevées, le titulaire de l'acte administratif délivré par l'agence foncière de Ouargla menace de revenir à la charge. Le souci des ksouriens révoltés est de voir le projet d'une école coranique, une médiathèque ou un stade matico voir le jour sur une partie du terrain restant de Bahmid. A l'heure où le foncier devient rare et flambe au centre de Ouargla, les héritiers Khémis ont encore cédé une partie de leur foncier à la communauté. Ils ont rencontré le wali il y a trois mois sur le terrain pour l'assurer de leur bonne volonté, mais refusent qu'un particulier fasse main basse sur leurs derniers mètres carrés. Par ce geste citoyen, ils interpellent la population et les pouvoirs publics sur la situation du foncier ksourien et appellent à une enquête sérieuse sur le sujet, une valorisation réelle du ksar, sans colmatage ni saupoudrage. Messaoud Khémis, fils du propriétaire exproprié, avait les larmes aux yeux quand nous l'avons rencontré. Il se rappelle avec amertume de l'amour de son père pour sa palmeraie cédée à l'Etat pour construire l'actuelle cité Bahmid. Il n'est pas le seul dans cette situation d'expropriation de biens ksouriens dilapidés par des personnes influentes. Une révolte oui, la violence non, mais les ksouriens demandent de la considération à présent et ils se disent prêts à tout pour recouvrer leurs droits. El Watan Week-end a sollicité le décryptage d'un des sages du ksar, Hadi Dadenna.