Tirant son pouvoir du président Bouteflika, le secrétaire général du FLN pourrait être submergé par une base acquise majoritairement, affirment des sources concordantes, à Ali Benflis. Abdelaziz Belkhadem, qui nourrit des ambitions présidentielles, il ne s'en cache plus, pourrait partir de la même manière qu'il est arrivé. Mais pour l'instant, il tient bien la corde. La preuve : l'activisme de Salah Goudjil et de son groupe s'est avéré hier, à l'occasion de la réunion de la 4e session du comité central, n'être qu'une tempête dans un verre d'eau. Sur les 351 membres de cette instance, 15 seulement se sont absentés sans justificatif, 2 étant suspendus. Abdelaziz Belkhadem, dans un geste de générosité, que seule l'ambition peut autoriser, lui qui tient à réunir un consensus autour de sa personne, affirme qu'il a chargé des intermédiaires pour prendre contact avec les membres du mouvement de redressement et de l'authenticité et leur chef de file Salah Goudjil pour tenter une réconciliation. Mais ce qu'a oublié le secrétaire général du FLN, disent des sources bien informées, c'est que lui – qui ne tire son pouvoir au sein du parti que du président d'honneur de ce dernier, c'est-à-dire le président Abdelaziz Bouteflika – peut se retrouver au milieu d'un raz-de-marée imprévisible. Explications : régnant sur un appareil qui trouve du mal d'ailleurs à réactualiser les structures du FLN après le 9e congrès, Belkhadem n'a pas l'adhésion de la base, selon des indiscrétions qui indiquent que d'après des données du terrain, fournies par des services spécialisés, cette dernière reste toujours fidèle, dans une proportion variant entre 80 et 90%, à l'ancien secrétaire général, et candidat à l'élection présidentielle de 2004, Ali Benflis. Le FLN, issu du coup de force du huitième congrès bis, soutient-on encore, est un véritable château de cartes qui risque de s'écrouler à tout moment. Et la cohésion qu'affiche, ostentatoirement, le comité central aujourd'hui n'est que factice. Elle ne tient, en fait, que par l'enjeu des prochaines élections législatives pour lesquelles d'ailleurs Abdelaziz Belkhadem prévoit de créer une commission et «un groupe d'experts» dont la tâche, dira-t-il, lors du discours qu'il a prononcé hier à l'ouverture de la session du comité central, est «d'analyser la sociologie de l'électeur algérien». Qu'à cela ne tienne, parce que le secrétaire général du FLN s'est fait à l'idée que le peuple «n'était pas encore mûr» pour risquer l'instauration d'un régime parlementaire. Dans les coulisses de la réunion du comité central qui avait aussi à l'ordre du jour «les réformes politiques» initiées par le chef de l'Etat, certains membres s'interrogeaient sur le sens à donner aux propositions du parti qui seront formulées, selon Abdelaziz Belkhadem, jeudi prochain. On ne comprend pas ce que c'est cette spécificité algérienne dont on n'arrête pas de parler, avoue un membre du CC. «On veut aller vers un mariage inédit entre les régimes parlementaire et présidentiel», souligne notre source, qui précise que ce serait vraiment une première dans les annales des sciences politiques. Un système à l'algérienne quoi ! Un autre militant du FLN, qui semblait lui aussi ahuri par une telle proposition, soutient que «en réalité, l'enjeu n'est pas de contribuer à l'élaboration d'un texte pour l'Algérie, même si on sait que la dernière parole reviendra au chef de l'Etat, mais de faire des propositions qui plairaient à ce dernier». Et lorsque Abdelaziz Belkhadem dit avoir demandé à la commission de Abdelkader Bensalah d'ajourner le rendez-vous avec le FLN jusqu'au lendemain de la tenue de la session du CC, c'est juste pour donner un habillage consensuel et démocratique à une action qui ne l'est pas en vérité. C'est de l'esbroufe médiatique pour un parti déchiré depuis l'élection présidentielle de 2004 et qui ne fonctionne que par des coups de force répétés. Jusqu'où tiendra donc le système Belkhadem, à la lumière de l'évolution de la situation politique dans le pays ? S'il tient en haleine les troupes du parti grâce à l'appât des prochains rendez-vous électoraux, rien ne dit qu'il gardera la même endurance par la suite. La majorité de la base du FLN qui lui échappe totalement est susceptible de se rebeller à n'importe quel moment.