Bastonnade, ponctions sur salaires, poursuites judiciaires, déclarations méprisantes, mais le mouvement de contestation des médecins résidents en grève illimitée, depuis déjà 3 mois, ne s'essouffle pas pour autant. Un sit-in national est d'ailleurs prévu demain à Oran pour afficher la détermination sans faille qui continue d'animer ces jeunes médecins. Après le refus catégorique d'abrogation du service civil formulé par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, il y a quelques jours, qui a d'ailleurs mené à une violente répression jeudi dernier, la tension continue de monter dans les différents hôpitaux du pays. Les chefs de service font circuler des notes ministérielles visant à pénaliser les grévistes pendant que les malades vont et viennent cherchant désespérément une prise en charge de qualité qu'ils ne trouvent pas. Une problématique que la grève accentue, mais qui remonte à plus loin dans le temps. «Cette situation est regrettable et c'est justement pour améliorer notre système de santé qu'on milite aujourd'hui», précise Dr Yelles, délégué de l'hôpital Mustapha. Et d'ajouter : «On continue chaque jour d'avoir des échos de médecins assistants en plein service civil qui souffrent de conditions de travail déplorables.» Le service civil est la principale revendication des médecins résidents dont ils ne parlent qu'en mettant en avant un échec cuisant dans ses objectifs d'assurer une couverture sanitaire complète à travers le pays. Mais ce n'est pas là le seul problème évoqué. Les modalités d'accomplissement de ce service civil montrent bien des failles. Un service civil, sans logement et sans salaire La polémique actuelle sur le service civil délie les langues. Plusieurs médecins spécialistes qui accomplissent leur service civil dans différentes régions du pays se plaignent depuis quelques jours de n'avoir pas été rémunérés depuis des mois. C'est le cas notamment de plusieurs spécialistes affectés en 2010 à la wilaya de Skikda pour effectuer leur service civil et qui n'ont toujours pas eu droit à un logement de fonction et qui travaillent sans être rémunérés depuis 8 mois. Une situation déplorable que les médecins résidents ne manquent pas de dénoncer. «La tutelle nous attaque sur des questions de patriotisme alors qu'en réalité, l'échec de ce service civil serait plus intéressant à débattre», précise Dr Messaoudène, un autre délégué de l'hôpital Mustapha. Pour arracher l'abrogation du service civil, la grève illimitée est donc maintenue et la contestation se renforce, tandis que le gouvernement refuse d'ouvrir un dialogue serein. Après la bastonnade du 1er juin à la place du 1er Mai, les médecins résidents se disent entrer dans une logique de détermination pacifique.