C'était au tour du secteur de l'éducation d'être inspecté par le wali à travers sa visite rendue lundi à des établissements scolaires parmi les malclassés en matière de résultats sur le territoire de la commune de Constantine et dont une bonne partie continue de patauger dans des problèmes en boucle fermée. On aura beau clamer les performances réalisées dans les différentes épreuves à travers les rencontres organisées dans l'ambiance feutrée et chaude du lycée des Sœurs Saâdane au moment où des enfants du peuple se contentent d'une portion de fromage en guise de repas froid. En fait, on est loin du fameux tableau idyllique que le responsable du secteur ne cesse de brosser avec une fierté démesurée à l'occasion des sessions de l'APW. Sur terrain, le premier responsable de l'exécutif découvrira des établissements dépourvus d'eau, au moment où l'on parle d'un manque d'hygiène à l'ère de la gale, alors que d'autres sites continuent de recevoir les enfants dans des locaux qui remontent à l'expédition française à Constantine. C'est le cas pour le lycée Tayeb El Okbi, dans le quartier populaire le Bardo. Une vieille caserne construite en 1838 et transformée en lycée où les simples commodités arrivent toujours à manquer. Sans chauffage et sans eau, les 419 lycéens devront d'abord emprunter un passage obligé par une décharge sauvage pour accéder à une cour devenue trop exiguë pour les contenir. Une scène qui se passe de tout commentaire. Outre l'insécurité et les agressions physiques dont ils sont victimes à la sortie de leur établissement, les élèves évoquent l'épineux problème du poste transformateur défectueux qui hante leur quotidien depuis 1992. Un problème que la direction de l'éducation et les services de Sonelgaz se rejettent la responsabilité comme un ballon de football. Selon les lycéens, la moitié de l'établissement se trouve souvent plongée dans le noir. C'est dans le quartier d'El Gammas que le wali fera l'amer constat d'une situation qui finira par le faire sortir de ses gonds. Dans une cité où l'anarchie a toujours régné en maîtresse des lieux, un citoyen a trouvé toute l'audace pour construire, dans l'impunité totale, une clôture pour sa demeure au ras du mur du CEM Mohamed Boumaâza. Si le geste du voisin a dépassé les limites du ridicule, le responsable du secteur de l'éducation restera muet sur les explications à donner pour justifier sa passivité face à de telles pratiques. Il aura fallu attendre le passage du wali qui ordonnera la démolition immédiate de la clôture. Des établissements scolaires qui ne reflètent guère les efforts fournis dans le secteur en matière d'aménagement et d'équipements, il en existe tellement dans la cité El Guemmas comme dans les contrées reculées des communes de Aïn Smara, Ibn Ziad, Messaoud Boudjeriou, Ibn Badis et autres où des bambins qui traversent des kilomètres pour rejoindre leur école font leurs cours un parapluie à la main, faute d'étanchéité, grelottant de froid par manque de chauffage, et se bousculant sur les bancs minuscules faute de chaises. Des enseignants rencontrés à El Guemmas dans ce qui ressemble à une salle de profs, nous affirment que c'est la première fois de leur vie qu'un responsable daigne leur rendre visite. « Il fallait le voir pour le croire », nous disent-ils, au moment où le ministère de l'Education s'acharne sur les directeurs des établissements scolaires pour leur faire signer des contrats de performance.