Deux nouveaux règlements viennent d'enrichir l'arsenal juridique dans le milieu bancaire initié en février 2005 pour la lutte contre le blanchiment d'argent et l'introduction de nouveaux instruments de paiement. Il s'agit là de deux règlements, l'un portant sur la prévention et la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme et l'autre relatif au système de compensation de chèques et autres instruments de paiement. Ces textes, adoptés par le Conseil de la monnaie et du crédit (CMC), consacrent ainsi l'achèvement du dispositif légal initié à la faveur de deux décrets sur l'instrument de réels soupçons et une limitation des paiements en liquide à partir de septembre 2006. Le CMC introduit, ce faisant, une base juridique pour la mise en place d'un système de compensation de chèques et autres instruments. « Nous rentrons dans l'ère électronique », nous a affirmé le délégué de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF), M. Benkhelfa. En effet, à la faveur de ce réglement, et pour les besoins de la réforme bancaire, il est juridiquement possible de sortir du système de compensation en support papier pour entrer dans celui de la télécompensation. De l'avis du délégué de l'ABEF, les moyens techniques étant déjà mis en place, ce nouveau réglement sur les moyens de paiement permet, avec la télécompensation, d'effectuer des opérations de virement d'une ville à une autre, dans le pays, sans mobilsation physique de chèques. L'opération consiste en un jeu d'écriture électronique auquel se livrent les banques. L'objectif est de réduire les délais de traitement des opérations bancaires qui sont très longs. Selon M. Benkhelfa, 1200 agences seront dotées de « stations de scannarisation ». « On termine l'année avec près de 600 stations pour les banques et 150 stations pour Algérie Poste. Ces machines permettent de lire, scanner, numériser et transmettre l'information. Ainsi est-il possible d'encaisser un chèque sans qu'il est besoin de le mobiliser physiquement (entre deux banques) comme auparavant. La procédure a pour nom la dématérialisation car les informations sont désormais effectuées par le circuit informatique.Notre interlocuteur nous informe qu'à l'échéance de juillet 2006, une opération de virement, et ce sur tout le territoire national, sera bouclée en l'espace de 5 jours au maximum. Le cycle de modernisation bancaire prend effet donc à patir de la dématérialisation des opérations bancaires. L'année 2006 verra ainsi l'entrée en matière de nouveaux instruments techniques et juridiques pour mener à bien la réforme bancaire. Dans ce sillage, il est à relever que la mise en conformité des technqiues et normes de gestion aux standards internationaux passe nécessairement par la mise en place du dipositif de lutte contre le blanchiment d'argent. Les deux derniers règlements cités plus haut, de l'avis de M. Benkhelfa, participent aussi de cette démarche qui vise à permettre « une sécurité pour transactions honnêtes ». Quant au phénomène de fraudes, dont il convient de souligner la gravité qui caractérise la place, la nouveauté réside en la possibilité de garantir « la traçabilité » en ce qui concerne les contrôle douteux. D'après le délégué de l'ABEF, les moyens techniques permettront désormais de détecter rapidement les tentatives de fraude avec un « dispositif de vigilance ». Dans ce cadre, M . Benkhelfa nous a annoncé que 700 cadres du milieu bancaire algérien ont bénéficié d'une formation dans les techniques antiblanchiment avec des partenaires étrangers et la Banque mondiale. « Nous nous mettons au niveau des standards exigés. Ce que nous faisons va compléter le contrôle classique. On arrivera à atténuer la fraude ... traquer dans les transactions les opérations de fraude et de criminalité », a-t-il expliqué. Mais est-ce pour autant que les scandales financiers vont cesser en Algérie ? Notre interlocuteur indiquera qu'il n'y a jamais de « risque zéro ». Selon le gouverneur de la Banque d'Algérie, les scandales financiers en cascade ces derniers temps ont montré les limites des mécanismes de contrôle bancaire, de supervision bancaire ainsi que des défaillances dans le système lui-même. Un contrôle des banques « sur place » et « sur pièce » n'est-il pas devenu problématique, de l'aveu même du gouverneur de la BA ?