Entre 2000 et 2010, 44% du verger a subi une déperdition à cause d'un parasite, le Capnode. Pour la relance de l'économie locale». C'est le slogan qui a été retenu pour la célébration de la 6e édition de la fête des cerises, célébrée du 2 au 4 juin, à Larbaâ Nath Irathen. Plus que symbolique, cette manifestation se veut un creuset pour la rencontre entre les agriculteurs et les responsables chargés de promouvoir cette culture en un levier économique, pour débattre du bilan des éditions précédentes et des perspectives. Le cerisier est un arbre vulnérable. Sensible aux changements climatiques et aux maladies, sa culture est menacée de disparaitre définitivement à Tizi Ouzou, la 1ère wilaya en matière de concentration des vergers (42% du verger national). Entre 2000 et 2010, 44% du verger a subi une déperdition à cause d'un parasite, le Capnode. Une année après le lancement d'une expertise dans le cadre du partenariat entre les villes de l'ex-Fort national et Saint Denis (France) pour la réhabilitation de la culture et l'économie du cerisier, en collaboration avec l'association ID Méditerranée, basée à Marseille (France), un bilan partiel a été présenté par l'équipe d'agronomes chargés d'établir un diagnostic sur le phénomène de déperdition. Les spécialistes se sont penchés sur plusieurs facteurs ayant décimé des centaines de cerisiers et réduit sensiblement la production. Parmi ces causes, le Capnode, un insecte ravageur dont la population serait en train de reculer d'après les conférenciers. En attendant la fin de l'expertise qui devra s'étendre jusqu'à 2013, les spécialistes préconisent le travail du sol, le traitement chimique, l'arrosage et la taille raisonnée des plantes afin de diminuer la nuisance de ce coléoptère. Découragés après avoir perdu leurs vergers, les agriculteurs, invités à la 2ème rencontre Cerisier-Capnode ont posé des problèmes liés à la politique agricole prônée par les pouvoirs publics. «Le programme agricole, le Fonds national de la régulation et du développement agricole (FNRDA), étaient mal réfléchis, car ils ne conviennent pas aux zones montagneuses. Ils ne tiennent pas compte des spécificités de la région. Pour obtenir une aide, l'administration exige au moins ¼ d'hectare du demandeur alors que nous nous connaissons le problème lié au morcellement des terres dans la région héritées dans l'indivision», regrette un participant. D'autres ont fait remarquer l'absence de pistes agricoles qui permettent, outre l'accès aux propriétés, la lutte contre les incendies. Après les incendies de 2007, d'énormes pertes ont été enregistrées. Le besoin en plants s'est exprimé. Le responsable de la subdivision agricole locale, M. Bouziane, qui reconnait l'indisponibilité des plants sur le marché, a estimé que «les pépinières n'en produisent depuis la déperdition des vergers, qui a conduit au recule de la culture du cerisier en milieu des années 2000». Une pénurie qui est appelée à perdurer, d'où la nécessité de recourir à la pratique de greffage de merisier. M. Abbas, président de l'association des agriculteurs de Larbaâ Nath Irathen, aura satisfait un bon nombre de participants en proposant l'idée de créer une coopérative ou une PME qui produirait des plants localement. Aussi, l'ouverture d'une formation pour les jeunes exploitants est nécessaire. «En plus des aides financières qu'octroie l'Etat, une équipe multidisciplinaire devra suivre les agriculteurs sur le terrain pour pérenniser cette activité», conclut-il. Par ailleurs, les prévisions en production pour la saison 2010-2011 sont positives, selon M. Bouziane, qui l'estime à 37 000 quintaux contre 12 976 la saison écoulée. Néanmoins, dans un document de la DSA, il est souligné que «en plus de l'absence de soutien de l'Etat pour la lutte contre ce redoutable insecte et le greffage du merisier, le mieux adapté pour la région, le soutien financier accordé ne représente que 7% du total arboricole réalisant une superficie de 50 ha seulement».