Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem, s'est fait piéger en se rendant, vendredi dernier, chez le coordinateur du Mouvement de redressement et de l'authenticité, Salah Goudjil. Pourtant, certains de ses collaborateurs lui avaient vivement conseillé d'envoyer plutôt des émissaires pour aplanir les divergences que de prendre le risque d'y aller lui-même. Ils ont finalement eu raison. La rencontre, qui devait être tenue secrète, a fini par se savoir et ce sont ses adversaires qui ont pris le soin de rendre publique à dessein l'information. Evidemment, l'objectif semble atteint, puisque Abdelaziz Belkhadem se retrouve sérieusement mis à mal. Beaucoup pensent que celui qui prétend avoir l'ambition de se présenter à la prochaine élection présidentielle a prêté, à la première occasion, le flanc pour se fragiliser de la sorte. Ce n'est pas, cependant, la première fois qu'il se met en difficulté. Déjà, lors de la conférence de presse animée à l'issue de la session extraordinaire du comité central de son parti, il avait fait montre de beaucoup d'inquiétude que sa formation aille aux prochaines élections en rangs dispersés. Les redresseurs avaient menacé de présenter leur propre liste aux prochaines législatives. Le SG du FLN est, en fait, face à un difficile dilemme. En voulant négocier une solution avec le groupe de Salah Goudjil, il a étalé toute sa faiblesse, selon quelques membres du FLN. Par ailleurs, au sein du parti, on n'a pas, d'après certaines sources, apprécié son geste. D'aucuns avancent même que le SG du FLN était prêt à faire plus de concessions. Et il était en position d'aller jusqu'à faire des réaménagements au sein du bureau politique, une question qui a été d'ailleurs soulevée lors de la dernière réunion du comité central. Et l'on dit même qu'elle sera remise sur la table lors d'une session extraordinaire de cette instance prévue après le mois de Ramadhan. Le problème est : si Belkhadem se veut disponible à opérer des changements au sein du bureau politique du parti, les membres de ce dernier ne l'entendent pas de cette oreille. Il est réellement pris au piège. Autre question qui se pose avec acuité au sein du FLN, ceux que le Mouvement de redressement et de l'authenticité désigne comme des «parvenus au parti». Là aussi, Abdelaziz Belkhadem est coincé. Oser les faire partir ne sera pas facile pour lui. C'est comme s'il s'approchait d'un nid de guêpes. Pour certains observateurs, Belkhadem risque fort de se casser les dents ; la crise qui traverse son parti est loin d'être une partie de plaisir. Lui-même l'a avoué en soutenant que peut-être, il ne serait pas là dans quelques mois. C'est une possibilité que Belkhadem, très avisé sur la question, n'écarte pas. Mais il ne perd pas tout de même espoir en essayant, au risque de mettre en péril la suite de sa carrière politique qu'il entend bien couronner par une ambition présidentielle, d'aplanir les divisions et faire le consensus autour de sa personne. Le secrétaire général du FLN sort même les grands moyens en organisant quatre regroupements régionaux qui n'étaient pourtant pas prévus dans l'agenda du parti. Il est tout simplement en campagne. Seulement, au FLN, on considère que son ambition est démesurée. L'avis, selon des sources dignes de foi, est largement partagé par certains membres du comité central et même de la base qui considèrent, dit-on, que «chef de gouvernement, ministre et secrétaire général du parti, c'est déjà trop pour lui». Au FLN, on est réellement dans l'expectative. Tout le monde est en attente, car les cartes ne sont pas encore toutes abattues.