Le flamenco, et sa mélancolie, s'adapte facilement au jazz. A Constantine, le groupe Quartessence en a donné la preuve. L'italienne Andrea Celeste a montré, elle, que le chemin des étoile n'est jamais loin ! Constantine De notre envoyé spécial Parfums d'Espagne et d'Italie. Samedi soir, le public du neuvième festival international du jazz de Constantine (Dimajazz), qui se tient jusqu'au 23 juin au Palais de la culture Malek Haddad, a été doublement servi. D'un part, le groupe franco-espagnol Quartessence a fait découvrir toutes les saveurs d'un plat fait de jazz et de flamenco et, de l'autre, la jeune chanteuse italienne Andréa Celeste a émerveillé les présents avec ses grandes capacités vocales. Mené par Alain Richou, à la guitare nylon, le groupe Quartessence, composé également de Didier Del Aguila à la basse, Jean Luc Difraya aux percussions et Franseco Castilani au trombone, a, par moment, accompagné ses interprétations par la danse. Inévitable pour le flamenco ! Des danses exécutées par Ana Perez Servius avec la technicité qu'il faut. Toute de noir vêtue, Ana Perez, qui a appris aux côtés de noms connus de la chorégraphie flamenco de Séville tels que Pilar Ortega ou Mercedes Ruiz, a su développé son propre style, sa manière très sensuelle d'exprimer ce que les notes de musiques ne peuvent dire. Avec le groupe « Hoy Flamenco », Ana Perez, la vingtaine à peine entamée, entend « rafraîchir », avec d'autres jeunes, une tradition héritée de sa mère, Maria Perez. Alain Richou, qui est passé par plusieurs écoles dont celles du rock et des musiques brésiliennes et turques, a travaillé pendant longtemps avec Patricio Domingo, flutiste du grand guitariste espagnol Paco de Lucia, et avec les gitans. D'où la présence à des références à la tradition gitane au chant, avec les vocals aïgues impressionnants de Jean-Luc Difraya. Le flamenco n'était-il pas né d'un mariage réussi entre le canté gitano et la musique andalouse. N'était-il pas aussi l'expression d'une profonde mélancolie dont l'origine remonte à la persécution des gitans par les rois chrétiens après le départ des musulmans d'Andalousie ? Composés par Alain Richou, les morceaux proposés au public du Dimajazz, extraits pour la plupart du dernier album de Quartessence, ont gardé toute l'âme du flamenco tout en adaptant la liberté aérienne du jazz. Le souci de la perfection est présent. Autant que la volonté mature d'aller à l'essentiel, de ne rien laisser en cours de route, de ne retenir que le nectare du fruit… L'italienne Andréa Celeste préfère,elle, célébrer l'amour en évitant de s'encombrer d'accessoires. Sur scène, trois musiciens Allessandro Collina au piano, Riccardo Barbera à la contrebasse et Andrea Marchesini à la batterie. Du basic, pour le jazz. Et cela suffit à Andréa Celeste pour transmettre sa joie de vivre aux jeunes dimajazzien. Sans s'éloigner de la tradition des chanteuse jazz à la Eva Cassidy, elle fait des incursions rapides dans l'univers vacillant de la pop. Jusqu'il faut pour ne pas perdre le fil d'or qui mène aux paradis ouverts du jazz ! « The color of the bridge in the sky » (la couleur du pont dans le ciel) est une chanson qu'elle a dédiée à la ville des ponts, Constantine. Elle a rendu hommage au maître de la soul Marvin Gaye en reprenant l'immortel « What's happening brother » (que se passe-t-il mon frère). L'artiste italienne n'a pas manqué de faire un « tribute » également à Sting. Andréa Celeste, 25 ans, n'a pas oublié son maître Vittorio Scali qui lui a appris le chant et le jeu de piano. Elle a dès l'adolescence perfectionné son art en se joignant à la chorale de gospel de Saint Jacob, dirigée par Massimo Bracci. Elle a continué à apprendre avec des artistes tels que Terron Brooks ou Cheryl Porter. Elle a, à trois reprises, participé au Festival du gospel de Milan avant de sortir son premier album solo, « My reflection », en 2007, avec la participation de noms connus du jazz italien comme Roberto Izzo et Stefano Cabrera. Cet album s'est curieusement bien vendu en Asie, notamment en Corée du Sud, en Chine et Hong Kong. « My reflection » sera suivi, en 2009, par « Enter eyes », composé avec le célèbre pianiste de jazz Andrea Pozza. Avant les concerts de la soirée de samedi, le public de Dima jazz a eu à découvrir le jeune groupe algérois « Good Noise » qui s'est produit à l'esplanade Aziz Djemam du Palais de la culture Malek Haddad à la faveur de section Off du Dima jazz 2011. « Good noise, signifie le bon bruit. En fait, il s'agit de la vibration de la jeunesse algérienne et de ce qu'elle pense. C'est ce qui nous intéresse, surtout la culture qui va avec », nous a expliqué El Mahdi Tahmi, manager de Good Noise. Nous y reviendrons dans nos prochaines éditions.