La distance, la chaleur et leur état de santé faible n'ont pas empêché les chômeurs du Sud «d'assiéger Alger», leur seul espoir pour trouver des solutions à leur situation. Hier, 10h30, une vingtaine de chômeurs, accompagnés de membres du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), ont observé un sit-in devant le siège du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. 12h, leur déplacement s'est avéré payant, puisque le ministre Tayeb Louh a finalement reçu l'ensemble des protestataires. Loin d'avoir eu gain de cause, une brève rencontre qui a laissé les grévistes de la faim sur leur faim, selon l'un des porte-parole du CNDDC, Tahar Belabès. «Après avoir refusé de nous recevoir en tant que membres du CNDDC, mais plutôt comme des citoyens, le ministre a écouté les doléances des jeunes chômeurs qui ont saisi l'occasion pour exposer des cas de licenciement et de favoritisme dans le recrutement», rapporte Tahar Belabès. La délégation du CNDDC a soulevé la non-coordination entre l'agence de l'emploi locale et les sociétés implantées dans la wilaya. «Il existe une véritable mafia qui accapare des postes et impose son diktat. Lorsque l'Anem nous délivre un bulletin de placement dans une société, cette dernière le rejette en toute impunité !» déplore Samir Laribi, porte-parole du CNDDC. A ce sujet, le ministre a promis à ses «hôtes» de diligenter une enquête sur les recrutements dans la région du Sud. Autre promesse du ministre, l'envoi d'un courrier au ministère de l'Energie afin d'exhorter les sociétés activant dans son secteur d'octroyer des postes d'emploi aux jeunes de la région. Les chômeurs veulent du concret De leur côté, les chômeurs se sont montrés sceptiques vis-à-vis des déclarations de Tayeb Louh, exigeant des solutions concrètes et immédiates. Ils n'ont pas hésité à faire allusion au «mépris des responsables de la daïra de Hassi Messaoud devant laquelle sont rassemblés, depuis plus d'un mois, des dizaines de chômeurs, et qui n'ont pas ouvert les portes du dialogue», dénoncent les protestataires, dont certains observent une grève de la faim depuis des semaines. Ils accusent, par ailleurs, le wali de Ouargla de «s'en laver les mains» en imputant le dossier au ministère du Travail et vice versa. Ces jeunes se disent désespérés, tout en campant sur leurs positions afin d'obtenir des postes de travail dans une région comptant 1400 sociétés. Un jeune homme de 21 ans, chômeur depuis quelques années déjà, ne manque pas d'amertume lorsqu'il se présente comme le petit-fils de celui qui a découvert le premier puits de pétrole à Hassi Messaoud. «Mon grand-père doit se retourner dans sa tombe, lui qui m'a laissé dans une zone pétrolière où le chômage ne devrait pas exister !» dit-il, dépité.