Après plus de quatre mois d'une présence active sur le terrain, la Coordination change de stratégie. Réunis jeudi dernier en assemblée générale, les membres de cette structure décident de suspendre leurs marches hebdomadaires, mais sans renoncer à la lutte pour le changement du système. «Pour déjouer les provocations d'un système rentier maffieux et mieux se consacrer à sa mission de coordination, l'assemblée générale de la CNCD décide de suspendre ses manifestations hebdomadaires temporairement et donne rendez-vous au peuple algérien pour des initiatives fédérant les énergies patriotiques en vue de donner un prolongement concret à la plate-forme pour le changement et la démocratie», lit-on dans un communiqué de la coordination, rendu public hier. Pour la CNCD, cette décision n'a aucun rapport avec «les spéculations sur une démobilisation pendant la période de l'été». «Cela est un leurre. Les problèmes différés ne feront que s'aggraver et se compliquer», souligne la coordination en dénonçant «les manœuvres et les actions criminelles» qui ciblent les membres de la CNCD et qui, estime-t-on, dans le même document, visent à l'entraîner dans des dérives violentes «à travers des opérations menées par des polices parallèles». Selon les animateurs de l'organisation, la suspension des marches du samedi ne signifie pas un renoncement au combat pour le changement. Les acquis réalisés, précisent-ils, doivent être consolidés. «Depuis le début de l'année 2011, les luttes sociales et politiques nationales se sont exacerbées à la faveur du vent de révolte qui secoue le Sud. Au lieu d'examiner, à cette occasion, la situation avec courage et responsabilité, le pouvoir suscite des émeutes pour discréditer les légitimes aspirations des Algériens à la démocratie. Face à ces manœuvres, des patriotes issus de l'opposition politique et de la société civile ont décidé de porter la revendication populaire dans la rue avec pour slogan fédérateur le changement du système», rappelle la CNCD dans son document. «Et malgré la répression qui n'a épargné ni les femmes, ni les étudiants, ni les parlementaires, les militants de la CNCD, avec à leur tête Me Ali Yahia Abdennour, ont maintenu une présence régulière sur la place du 1er Mai. Cette persévérance a payé. Les acquis de cette première phase doivent maintenant être préservés et renforcés. La CNCD est appelée à adapter ses luttes à une situation évolutive tant au plan national que régional et international», ajoute-t-on. «Préparer l'avenir» Après cette décision, les responsables de la CNCD tracent la feuille de route à suivre. Pour eux, il n'est pas question d'enterrer une coordination «qui a fait trembler le système». «La CNCD doit aborder une nouvelle phase. Nous devons nous rapprocher davantage des syndicats. A la rentrée, il y aura une autre situation qu'il faut préparer au mois d'août. Il est hors de question d'enterrer la CNCD. Elle restera unie jusqu'à la réalisation du changement. Il y a une dictature en Algérie et elle doit partir. Les jeunes n'ont pas seulement le droit à la parole mais aussi au pouvoir», affirme l'infatigable Ali Yahia Abdennour, dans son intervention devant l'assistance. Intervenant par la même occasion, Tahar Besbas, député du RCD, appelle ses collègues de la CNCD à préparer l'avenir. «Depuis janvier, nous avons réalisé beaucoup d'acquis avec un minimum d'organisation. Nous avons brisé le mur de la peur et depuis, tous les segments de la société se sont exprimés. La CNCD a recadré la protestation dans un cadre pacifique. Grâce à la CNCD, l'état d'urgence a été levé. Maintenant, il y a une nouvelle donne : séquestration et kidnapping de militants par une police parallèle. C'est dangereux. Il faut que la CNCD se projette dans l'avenir. Nous avons gagné en maturité mais nous devons parfaire notre organisation», conclut-il.