L'enveloppe financière de 179 milliards de centimes, allouée dans le cadre du programme du président de la République, n'a quasiment pas changé le visage de la ville. La visite du wali de Tlemcen, avant-hier à Maghnia, a dévoilé l'ignominie d'une ville frontalière anarchique qui, malgré l'injection d'un argent fou par les pouvoirs publics pour le développement, est restée une cité sans âme, défigurée par une architecture démesurée, des constructions illicites, la saleté… «Le chef de la daïra n'a pas encore trouvé ses marques, le maire est préoccupé par autre chose. Les autorités ici sont absentes. On n'a l'impression que la ville n'a pas de responsables», s'est emporté le wali après l'inspection des projets et des infrastructures réalisés. «Nous avons injecté beaucoup d'argent, peut-être l'équivalent du budget d'un pays d'Afrique et je suis venu vous demander des comptes, aujourd'hui». Allant plus loin, Nouri Abdelwahab dira tout de go : «On n'a pas le droit de faire des procès aux autres quand on n'est pas propres. Nous sommes au courant de tout ce qui se passe ici, dans le détail». Il était difficile d'arrêter un commis de l'Etat en colère. Et il y avait de quoi, Maghnia a bénéficié d'une enveloppe de 179 milliards de centimes dans le cadre du programme du président de la République. Une enveloppe qui n'a quasiment pas changé le visage de la ville. Pour bousculer davantage les élus et le chef de daïra, le chef de l'exécutif a accordé une rallonge de 30 milliards de centimes pour l'aménagement des quartiers. «Donnez du travail aux entreprises locales, à tout le monde, sans discrimination; nous n'avons de monopole avec personne», dira-t-il. Sa colère décuplera en inspectant les logements sociaux de la cité Omar. «Le rythme des travaux est lent, comme si le chantier est à l'arrêt. Pourquoi réaliser des logements sans les réseaux qui suivent? Vous êtes en train de provoquer la population. Dorénavant, et c'est un message pour tous les chefs de daïra, aucune liste de bénéficiaires ne sera affichée sans mon avis». Et de continue : «Quel est l'intérêt de la visite d'un ministre s'il n'a pas remarqué toutes ces failles ?» concernant Maghnia, M.Nouri rappellera : «Peu de grandes villes d'Algérie ont le privilège d'avoir l'eau potable courante comme Maghnia, ou le gaz de ville dont la couverture est de 80%, il n'y a que les ingrats qui nient toutes ces réalisations». Cette ville frontalière, qui est quand même la vitrine du pays, a bénéficié d'une maison de la culture moderne, d'une piscine semi olympique, d'un stade olympique dont le budget vient d'être rallongé de 35 milliards de centimes pour son agrandissement, des réseaux d'AEP, d'assainissement, d'éclairage public, de 8 00 logements sociaux, de routes… sans pour autant que son visage soit métamorphosé positivement. «Je reviendrai très bientôt» promettra le wali dans un silence sépulcral.