L'épineux problème de la gestion du réseau AEP à Alger et dans les grandes villes du pays sera-t-il enfin résolu en 2006 ? C'est ce que les autorités publiques espèrent en tout cas avec l'entrée en vigueur, dès janvier 2006, du contrat conclu avec le groupe français Suez. Signé à l'occasion de la visite en Algérie du ministre français de l'Economie et des Finances, Thierry Breton, l'accord d'un montant de 120 millions d'euros porte sur des prestations de service dans le cadre de la modernisation du réseau de distribution d'eau d'Alger. Il prévoit, à cet effet, un transfert de savoir-faire assuré par Suez et le lancement d'un plan de formation pour les 3 000 salariés de la nouvelle entité chargée de gérer la distribution de l'eau dans la capitale, en l'occurrence la Société des eaux et de l'assainissement d'Alger (Seal). L'objectif étant d'arriver à une distribution 24h/24 dans trois ans et demi, la gestion déléguée de la distribution et de l'assainissement de l'eau potable de la ville d'Alger accordée à Suez portera sur une durée de cinq années. Cette première expérience de partenariat entre l'Algérienne des eaux (ADE), l'Office national de l'assainissement (ONA) et le groupe Suez est gérée par un cahier des charges dont l'exécution sera contrôlée par l'ADE et l'ONA qui mettront leurs personnels, selon les dispositions de l'accord, à la disposition de Suez. Dans un communiqué de presse publié sur son site web daté du 12 novembre, Suez Environnement précise qu'il s'agit d'un « contrat de prestation de services qui a pour objectif la remise à niveau et la modernisation du service de l'eau et de l'assainissement ». L'accord prévoit que c'est aux autorités algériennes que revient la totalité des investissements évalués à pas moins de 200 millions d'euros par an, soit au total un milliard d'euros, « pour la modernisation progressive des services de l'eau et de l'assainissement ». Y aura-t-il une quelconque incidence sur le prix du mètre cube que consommeront les citoyens ? A en croire le ministre en charge du secteur, aucune augmentation n'est prévue dans les prochains mois. Hormis les compagnies pétrolières installées dans le Sud, qui se verront facturer le mètre cube à 80 DA à compter de 2006, les ménages continueront à bénéficier des mêmes tarifs en vigueur aujourd'hui, même si, selon le ministre Abdelmalek Sellal, « l'eau, qui sera considérée comme un produit marchand, n'a toujours pas atteint son prix réel ». Il est à noter que le nouveau « gestionnaire » du réseau AEP de la capitale estime d'ores et déjà que « le prix de l'eau en Algérie est extrêmement bas », mais que les termes du contrat qui le lie avec les autorités publiques ne lui donnent aucune prérogative en matière de tarification. Selon le ministre des Ressources en eau, si l'expérience engagée avec Suez réussit à Alger, les autres grandes villes du pays, telles qu'Oran, Constantine et Annaba, devront bénéficier de contrats similaires avec d'autres sociétés étrangères qui ont déjà exprimé leur intention d'investir dans ce domaine. La bataille pour l'eau ne fait que commencer !