Rares sont ceux qui, après avoir pris leur retraite, après trente, voire quarante ans de service rendus à la société, arrivent à gérer leur temps, qui en s'adonnant à une autre activité, qui en se consacrant au bien-être des leurs, qui en se prélassant au lit jusqu'au lever du jour. Pour beaucoup, la retraite est synonyme de farniente, de liberté et que dire encore... Finies les corvées du travail ! Fini le « lève-toi vite c'est l'heure du boulot ! » Cette catégorie de retraités s'est vraiment déchargée des mille et une contraintes imposées par le devoir. Elle a tellement donné qu'elle ne regrette plus le travail, la compagnie des collègues ou les gérémiades du chef. Mais pour la majorité, les choses se passent autrement. A peine partie à la retraite, cette partie de gens commence à s'ennuyer, ne trouvant pas quoi faire ni où aller. Les jeunes retraités, issus généralement de l'enseignement, se retrouvent du coup marginalisés, sans la moindre occupation pour se soustraire au farniente qui tue, à l'oisiveté qui rend amorphe, qui détruit les volontés et brise l'espoir. Le plus navrant par-dessus tout : c'est qu'il n'existe aucun cadre rassembleur pour cette frange de la société. Pas une seule association au profit des retraités. Beaucoup, interrogés, nous confient, la mort dans l'âme, qu'ils sont incapables de s'organiser pour créer leur propre association. Et quelqu'un d'ironiser : « Nous sommes mout kaâd ! » autrement dit « meurs assis » aux lieu et place de retraités. Ainsi est entré dans les mœurs que tous ceux qui partent à la retraite sont déjà dans l'antichambre de l'au-delà et que chacun attend son heure en broyant du noir. Les jeunes retraités de Aïn Beïda, d'Oum El Bouaghi ou de Aïn M'lila se laissent consumer à petit feu, faute d'occupation ou de lieux de distraction pour se dérober à l'oisiveté. Une seule alternative s'offre à eux : la création d'une association où pourraient éclore les nombreux talents qui sommeillent en eux. D'aucuns déplorent amèrement que soient « écartés » et oubliés les « donneurs de leçons », en l'occurrence les enseignants, alors que beaucoup d'entre eux sont en mesure de dispenser encore le savoir, pour peu qu'il leur soit fait appel. L'oubli, n'est-il pas l'ennemi juré de la science ?