Cheb Bilal a animé hier, à Oran, une conférence de presse à l'hôtel de Ville, durant laquelle, il faut bien le dire, il était au top de sa forme. Consciemment, ou «à l'insu de son plein gré», le chanteur a fait s'esclaffer, et à plusieurs reprises, le parterre de journalistes présents. Tout d'abord, il est revenu sur ses déclarations récentes, où il a affirmé ne plus «jamais» rechanter à Sidi Bel Abbès : «Lors du dernier Festival du raï, j'y suis allé, et chose que je ne fais jamais, pas même à Oran, j'ai porté un maillot où il était écrit le numéro 22 (ndlr, l'indicatif de SBA), et pour toute réponse, j'ai été sifflé par le public ! Si j'y retourne cette année, cela voudrait dire : sifflez-moi encore !» Bilal est un chanteur connu pour interpréter des chansons un tantinet «tristounettes», d'où l'étiquette qui lui colle à la peau, celle d'un chanteur un tant soit peu désespéré. Il s'en défend : pour lui, ces chansons ne sont pas tristes, mais réalistes. «Si Bilal a pu percer, c'est parce qu'il est né et a grandi en Algérie, pas en Allemagne ! J'aurais eu l'air fin, si j'étais Allemand, de chanter sur les problèmes de logements !» Chanteur donc près du peuple et qui pointe du doigt les injustices sociales ?…de ce fait, chanteur engagé ? Auquel cas, lui demande une autre journaliste, chantera-t-il un jour le cas de Bouazizi et tous ceux qui, touchant le bout, ne trouvent d'autre alternative que celle de s'immoler par le feu pour exprimer leur désespoir ? Quelque peu agacé par cette question, il dira : «Je le fais, mais indirectement.» Ensuite, se lâchant pour de bon, il lancera à la salle : «Je ne suis pas politique !» «Demandez à Bouteflika de chanter Darja darja, il ne saura pas, car il n'est pas chanteur ! Moi-même, je ne suis pas politique, donc, je ne suis pas le mieux approprié pour parler de cela !» Il dira aussi pendant la conférence que la source d'inspiration du raï ne provient pas, de manière systématique, de la corniche oranaise et des cabarets dont elle pullule. «Je n'ai absolument rien contre les chanteurs de cabarets, mais, croyez-le ou non, pour ma part, je n'ai jamais mis les pieds dans ce genre d'établissements. Je fais du raï, mais à ma manière !» Enfin, à la question d'une journaliste lui demandant s'il n'avait pas fait carrière dans la chanson, à quoi sa vie aurait-elle débouché, il lancera cette boutade, avec un sourire en coin : «J'aurais été escroc !» avant de préciser : «Mais un escroc sympathique !» Cette conférence de presse a précédé le concert du chanteur qui avait dû se tenir dans la soirée d'hier au Théâtre de verdure d'Oran. A noter aussi que cet évènement entre dans le cadre des festivités du 5 juillet, où une pléiade de «stars» défile chaque soir au théâtre de Verdure, parmi elles on peut compter Cheb Khaled qui se produira ce soir à partir de 22h !