Des promesses, les habitants des quartiers de Bachdjerrah en ont reçues une flopée depuis le lancement des opérations de relogement l'année dernière. Les gens en ont gros sur le cœur. Le train a été bloqué, nous craignons le pire. Le wali délégué nous a promis un relogement avant le mois de Ramadhan, il n'en est rien.» Samir, représentant des habitants du bidonville de Dussolier à Bourouba, assure ne pas pourvoir calmer les résidants de son quartier, qui ont bloqué la route de Boubsila. Les représentants ont organisé un sit-in devant la wilaya déléguée d'El Harrach, dont le responsable leur aurait promis de passer le Ramadhan dans leurs nouveaux logements. Même promesse et même agacement chez les occupants du quartier Les Palmiers. Les délégués des habitants ont été reçus par le wali délégué d'El Harrach qui leur a demandé d'attendre. «La réunion de dimanche dernier était un simple briefing. Au lieu de nous annoncer la date de l'opération et les sites d'affectation des résidants, le wali nous a assuré que nos dossiers ne sont pas encore complets. Des documents manquent. Les autorités nous ressortent un problème qui ne s'est pas posé au début de nos contacts», s'étonne N. Saïd, président du comité de quartier de la cité Les Palmiers. Des promesses, les habitants des Palmiers en ont reçues une flopée depuis le lancement des opérations de relogement l'année dernière. En juin 2010, les délégués ont reçu l'assurance que cette cité délabrée du quartier populaire de Bachdjerrah sera vidée au plus tard en octobre 2010. Plus d'un an après, il n'en est rien. «On nous a souvent expliqué que le retard de l'opération est dû à la non-réception des logements. Le wali nous a promis que nous passerons le Ramadhan dans nos nouveaux logements», assure le représentant. Seule raison derrière la volte-face des autorités locales : la commission de wilaya de validation des opérations de relogement aurait décidé de «partir en congé». «Le travail des commissions devait s'achever le 10 juillet. Nous avons su, par des canaux officieux, que les membres de la commission de wilaya ont décidé de prendre congé : aucun dossier ne sera traité et aucune opération de relogement ne sera lancée avant septembre ou octobre», signale le représentant. Entre-temps, les résidants de la cité Les Palmiers prennent leur mal en patience dans un décor délabré de ce quartier situé au-dessus des tubes du tunnel de Oued Ouchayah. La cité date de l'époque coloniale. Les chambres de cette cité tentaculaire étaient occupées par les gardes mobiles du général Challe. Les biens vacants ont été occupés par des Algériens, souvent de simples fonctionnaires. «Une seule opération de relogement a été lancée en 1984. Des squats et des bidonvilles ont dégradé ce site situé à la lisière de la forêt de Oued Ouchayah. Certains occupants ont construit dans la cour de la cité, d'autres dans le bois de l'oued», constate, amer, un résidant qui y habite depuis 30 ans. «Impossible d'avoir une vraie vie, les habitants vivent dans la promiscuité. Des familles s'entassent à 15 dans une chambre exiguë et un couloir dégradé par les infiltrations d'eau. Les autorités ont négligé ce quartier. Aucun convoi ne passe par cette partie de la ville. Ni le Raïs (le président Bouteflika), ni le Premier ministre, ni aucune délégation ne lorgnent de ce côté-ci de la capitale. Si la situation dure, nous allons réagir encore plus violemment qu'en janvier dernier, le tunnel (oued Ouchayah dessert plusieurs localités de l'est de la capitale, ndlr) sera complètement fermé et l'Etat portera seul la responsabilité du pourrissement», s'indignent les résidants de ce quartier parmi les plus dégradés de la capitale. La police a été obligée, en janvier dernier, d'intervenir pour déloger les familles ayant squatté des logements appartenant à l'Opgi. 150 logements sociaux ont été squattés durant la nuit. Les occupants sont tous ou presque issus du quartier Les Palmiers et des bidonvilles de Oued Ouchayah. Le relogement des résidants des autres cités de la capitale est perçu, ici, comme une injustice. Le directeur du logement, M. Smaïl, s'est refusé, lors d'une rencontre à l'APW avec des journalistes, de donner un délai sur les opérations futures et les sites ciblés. Selon des déclarations, reprises avant-hier par certains quotidiens, quelque 5000 logements seront distribués avant la fin de l'année. Le quotidien Ennahar, citant le même responsable, parle d'une opération en juillet. A Diar El Baraka, Diar Echems, Dussolier, Les Palmiers, c'est toujours l'attente. C'est motus et bouche cousue au niveau de la wilaya qui ne voudrait pas susciter de faux espoirs.