Décidément, depuis la maladie du président Bouteflika, c'est toute l'Algérie (officielle) qui est en convalescence. Le gouvernement, quant à lui, se borne à expédier les affaires courantes, l'APN est entrée en hibernation en pleine session d'automne. Les ministres se sont réunis deux fois sous la présidence d'Ahmed Ouyahia, dont l'une, le mardi 29 novembre, au lieu du mercredi habituel, et c'est au cours de ce conseil que le chef du gouvernement s'est empressé de rassurer les Algériens sur l'état de santé du président de la République, hospitalisé quelques jours plus tôt à Paris. Ce changement de date avait été convenu, nous a-t-on appris par le communiqué officiel diffusé ce jour-là, avant la maladie d'Abdelaziz Bouteflika ; son admission à l'hôpital du Val-de Grâce, à Paris, a donc contraint le chef du gouvernement à ajourner son départ pour Tunis. En effet, il est d'usage, nous rappelle le même communiqué en question, que lorsque le chef de l'Etat est à l'étranger, le chef du gouvernement ne quitte pas le pays. La seconde réunion du conseil de gouvernement a eu lieu la semaine dernière. Hormis l'examen d'un avant-projet de loi sur la protection de l'enfance, qui devait avoir lieu l'été dernier, et quelques décrets exécutifs, aucune décision importante n'a été prise. Par contre, le seul « dynamisme » que l'on peut relever, si l'on qualifie cela de dynamisme, c'est cette facilité déconcertante avec laquelle les banques publiques « se font arnaquer » par des importateurs véreux, dont la plupart sont en fuite et qui semblent avoir bénéficié de complicités au sein même des institutions bancaires. Une situation corroborée par des informations divulguées par la direction générale des impôts, qui vient de signaler avoir débusqué plus de 3800 faux importateurs. Au plan politique, c'est encore une fois Belkhadem qui prend l'initiative d'annoncer que le président de la République rentrera au pays avant le 31 décembre pour la signature de la loi de finances 2006 et pour donner « un coup de pouce » aux textes d'accompagnement de la charte sur la réconciliation nationale. Voilà qui rassure une fois de plus ! Et si l'on avait encore des doutes sur le climat qui règne au sein de la coalition et sur les rapports électriques qui existeraient entre lui et le chef du gouvernement, la moindre suspicion est ainsi levée : « Tout va bien, Dieu merci. » Une manière aussi de rassurer en quelque sorte, et surtout de rappeler qu'en l'absence de l'arbitre, c'est-à-dire du chef de l'Etat, le « match » attendu n'aura pas lieu.Il en est de même des autres questions restées en suspens depuis l'hospitalisation du président de la République, comme le devenir du dialogue avec les archs après la tenue des élections partielles, ou encore la relance économique en panne de mesures énergiques, alors que le front social est toujours en ébullition... Les revendications salariales étant du coup « mises sous le boisseau » dans l'attente du moment opportun. C'est dire combien les Algériens souhaitent que leur président de la République revienne au plus vite aux affaires de l'Etat, pour que les choses puissent redémarrer à nouveau.