Les députés FLN fidèles à Benflis, ont quitté la plénière en guise de boycott de la cérémonie de clôture de la session. Une fois dans le hall de l'institution, ils ont improvisé une mini-manifestation. “Les députés de l'assemblée nationale boycottent le chef du gouvernement illégitime”. C'est par ce message exprimé dans deux pancartes, brandies par des députés FLN que le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a été accueilli, hier, dans l'hémicycle de l'assemblée nationale. C'était à l'occasion de la séance de clôture de la session d'automne du Parlement. L'entrée des députés, munis de ces pancartes, a provoqué une ovation généralisée dans le carré du FLN. Les membres du gouvernement présents dans leur quasi-totalité (Nourredine Boukrouh, Amar Tou, Nourredine Benouar, Boubekeur Benbouzid, Khalida Toumi…), qui ne s'attendaient visiblement pas à une telle action de la part des parlementaires du parti d'Ali Benflis, affichaient volontiers leur étonnement. Ahmed Ouyahia assis aux côtés de Abdelkader Bensalah, le président du Sénat, tout aussi surpris que le reste de l'Exécutif, affichaient, quant à eux, une grise mine. Mais cette protestation exprimée clairement à l'endroit du chef de l'Exécutif ne s'est pas par ailleurs répercutée sur le discours de clôture de la session prononcé par Karim Younès, le président de l'assemblée nationale. Reprenant place, les parlementaires du parti de la majorité à l'APN et dans les assemblées locales, élues, APC et APW, ont écouté à l'instar des autres groupes parlementaires religieusement l'allocution du deuxième personnage de l'Etat. Sur un ton ferme, Karim Younès, qui a été peu disert, n'en a pas moins situé d'emblée les choses : “du haut de cette tribune, le 2 septembre passé, lors de l'ouverture de la session, j'ai exprimé le fond de mes convictions sur l'ordre républicain que transcrivent la lettre et l'esprit de notre Constitution, en tant que loi fondamentale régissant les rapports entre les forces du pouvoir politique qui gouvernent la nation. Ces convictions, je les assume pleinement et je les réitère aujourd'hui”. Le discours dont fait état Karim Younès est un condensé de reproches sur la gestion autoritaire et monolithique du président Bouteflika aux affaires du pays. Il lui avait été reproché son acharnement à obtenir le soutien du FLN pour un second mandat, ses harcèlements contre la presse privée, la légifération par ordonnance et la marginalisation des élus locaux. Il conclura en affirmant : “Je vous parlerai plus tard de l'Algérie de demain.” Cette phrase dite, les députés FLN ont vite fait de quitter la plénière en guise de boycott de la cérémonie de clôture de la session. Une fois dans le hall de l'institution législative, les parlementaires de la formation de Benflis ont entonné l'hymne national tout en brandissant des banderoles hostiles à Ouyahia : “les députés de l'assemblée nationale boycottent le chef du gouvernement illégitime”. Ces députés se sont ensuite dirigés vers la porte principale de sortie, à travers laquelle le gouvernement devait quitter l'institution. Scandant “Assa azeka FLN yella, yella”, “Djazaïr horra dimocratia”, “Khawana (traîtres)”, les députés étaient décidés à chahuter et à parasiter la sortie du chef du gouvernement pour dénoncer sa décision de “révoquer les “indus élus”” prise en concertation avec l'aile dialoguiste des archs. “Ouyahia, un ministre illégitime qui a tout fait pour que les élections aient lieu, a conclu avec une poignée de délégués qui ne représentent qu'eux-mêmes, un accord pour révoquer les élus. Nous le dénonçons et nous lui disons qu'aucun élu ne cédera à son accord douteux”, nous ont expliqué plusieurs députés de la Kabylie. Dans cette ambiance surchauffée et pour parer à toute éventualité, des agents ont pris le soin de fermer à clé la porte de sortie. Ce qui fait qu'Ouyahia ainsi que l'ensemble du gouvernement ont quitté à la sauvette l'hémicycle par une porte dérobée. En apprenant cela, les députés FLN se sont rués vers cette porte de sortie où il ne restait aucun ministre. Furieux de l'attitude du gouvernement “qu'on a chassé de l'APN”, selon l'expression d'un député, les députés FLN ont fait des allées et venues dans le hall de l'assemblée en scandant les slogans sus-cités. Au moment où ils entonnaient des chants patriotiques à l'exemple de “Min djibalina”, Karim Younès les a rejoints. Comme signe de bienvenue, les parlementaires du FLN ont porté le deuxième personnage de l'Etat. N. M. Le FLN, le PT, le MRN et les indépendants dénoncent la révocation des élus Dans un communiqué commun rendu public, hier, les groupes parlementaires des partis FLN, PT et MRN ainsi que les indépendants ont ouvertement dénoncé la décision de “révocation des élus” contractée par Ouyahia avec l'aile dialoguiste des archs. “Le Conseil constitutionnel a proclamé la légitimité de ces élections”, ont martelé les trois groupes parlementaires.