Le sommet du groupe de contact international sur la Libye, qui doit se réunir ce vendredi à Istanbul, pourrait être déterminant pour l'avenir des Libyens dans la mesure où les représentants des pays appelés à y participer auront à choisir entre deux options : poursuivre la guerre contre le régime de Tripoli ou alors essayer de trouver une solution politique à la crise. Mais il semblerait qu'un consensus se dessine en faveur de la seconde option. Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, dont le pays est engagé militairement dans l'application des résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Libye, a en tout cas soutenu, hier, lors d'une conférence de presse animée en marge de sa visite à Alger, que «l'Italie contribuera, en Turquie, à faire avancer la perspective politique». Mieux encore : M. Frattini – qui a estimé que l'Union africaine a apporté une grande contribution dans ce dossier – a fait savoir que son gouvernement «plaidera en faveur de la mise en place d'une feuille de route qui puisse inclure un cessez-le feu et les parties qui doivent se mettre autour de la table». Indiquant partager le souhait de M. Medelci de voir la paix et la solution politique «aboutir très rapidement», le chef de la diplomatie italienne a soutenu l'idée que la solution politique est «urgente» et qu'elle constitue «la seule alternative». Si en tant que pays voisin de la Libye, les autorités italiennes sont pressées de voir la situation rentrer dans l'ordre au plus vite au sud de leurs frontières, il reste cependant qu'elles ne veulent plus entendre parler du colonel El Gueddafi et de sa famille. Et Franco Frattini ne s'est pas gêné pour rappeler cet état de fait lors de sa conférence de presse, animée conjointement avec son homologue algérien, Mourad Medelci. Pour lui, les choses sont évidentes : Mouammar El Gueddafi et sa famille doivent quitter le pouvoir. On remarquera tout de même que l'Italie ne conditionne plus le règlement de la crise libyenne par l'exil d'El Gueddafi, comme ce fut le cas au début de la crise. Dans tous les cas, le chef de la diplomatie italienne a souligné la nécessité de veiller à ce que la sortie de crise qui sera envisagée ne débouche pas sur une division de la Libye. M. Frattini a indiqué qu'il était nécessaire, pour qu'une solution politique soit applicable, de désigner une autorité (il a exprimé son penchant pour l'ONU) pour garantir le respect d'une feuille de route : «Nous ne pouvons pas avoir une feuille de route et des engagements s'il n'y a pas une autorité pour contrôler et faire le monitorage.» Et d'ajouter : «Le problème maintenant est de savoir comment organiser le dialogue politique entre les deux parties. Notre souhait commun est bien sûr qu'il y ait un dialogue politique inclusif entre les deux parties. Je le répète, avec l'exclusion du colonel El Gueddafi.» Quid maintenant de la position algérienne sur la question ? Tout laisse penser que la perspective de règlement préconisée par Franco Frattini va globalement dans le sens des préoccupations du gouvernement algérien, dont la position s'aligne en tous points sur celle de l'Union africaine. Et à ce propos, M. Medelci a tenu à rappeler que la résolution adoptée à Malabo par l'UA «fait mention de manière très claire de l'engagement de M. El Gueddafi de ne pas faire partie de la négociation inclusive inter-libyenne». «C'est cette démarche que chacun décline à sa façon, mais qui indique bien l'engagement du colonel El Gueddafi de ne pas faire partie du processus politique que nous appelons de nos vœux», a-t-il ajouté. A préciser que la Turquie a invité la Chine et la Russie, pays réticents à l'intervention armée en Libye, à participer pour la première fois au sommet du groupe de contact international sur la Libye.