La pêche à la dynamite, les rejets des eaux usées, polluées et nocives vers la mer, autant de comportements malsains qui ont fait disparaître la nourriture le long de la côte algérienne. Le thon évite de passer tout près de la côte algérienne. Il préfère effectuer son passage plutôt au large, en s'approchant de plus en plus des eaux internationales. L'anchois et la sardine constituent la nourriture de choix pour le thon rouge, qui est une espèce de poisson très demandé et constitue un produit stratégique sur le marché des produits de la mer. Selon les spécialistes en la matière, le thon se dirige notamment vers les côtes tunisiennes et libyennes. Sur le marché international, une pièce de thon d'un poids de 200 kg coûte jusqu'à 15 000 euros, selon un armateur professionnel de la pêche. En raison du foisonnement des facteurs polluants qui ont accéléré depuis quelques années le processus de dégradation de l'environnement marin, la côte algérienne est devenue un espace qui ne figure plus dans les systèmes sensitifs des thons. Durant plusieurs années, des navires asiatiques ont bénéficié des autorisations du gouvernement algérien pour puiser les quotas de thon alloués à l'Algérie. Pendant ce temps, les pays voisins du bassin méditerranéen se mobilisent pour défendre leurs quotas respectifs. A cet égard, il est utile de préciser que la pêche au thon s'effectue durant deux mois de l'année : mai et juin. Tandis que le retour des thons est attendu au mois de septembre. C'est durant cette période que les tonnes de thon sont pêchées par ces grands navires bourrés d'équipements électroniques. L'Algérie «vendait» son quota de thon à travers la délivrance de la licence d'exploitation au large des côtes algériennes, mais aujourd'hui, le thon est incommodé par la pollution des côtes algériennes. Sur le chapitre de la pêche au thon, l'Algérie n'a pas su profiter de cette richesse. En tout cas, il y avait nécessité à engager un débat transparent entre les professionnels algériens et le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques sur cette question névralgique et sensible. En vain. Le ministère et les opérateurs se rejettent la balle En revanche, les différentes parties concernées par cette question ne font que s'échanger des accusations mutuellement. D'ailleurs, après la récente humiliation essuyée quant au quota de l'Algérie et la déconvenue, le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Abdellah Khanafou, déclarait que «les opérateurs algériens avaient failli à leurs engagements, notre souci majeur consiste à organiser notre pêcherie nationale, car elle fait défaut ». Le membre du gouvernement avait même révélé au début de l'année en cours que son ministère avait engagé des procédures judiciaires contre 15 opérateurs, qui n'avaient pas remboursé les financements que leur avait accordés l'Etat afin qu'ils puissent acquérir des navires pour la pêche du thon rouge en 2010 (c'est-à-dire des thoniers, ndlr). Des subventions à hauteur de 60% avaient été accordées par l'Etat à «ces investisseurs», dans le but d'équiper leurs navires pour «chasser» le thon rouge. Cette pluie de milliards de dinars avait été accordée à «ces opérateurs nationaux» dans le cadre du plan de relance du secteur de la pêche et des ressources halieutiques qui a été lancé au moment où le secteur a été séparé de l'agriculture et doté d'un ministère à part entière, au début des années 2000. Dans la foulée du sujet, il n'est pas inutile de rappeler les circonstances de la déconvenue récente concernant le quota algérien de thon. En effet, l'Algérie se trouve dans l'incapacité de pêcher son quota de thon accordé par l'ICCAT (commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique). Mais sursaut d'orgueil oblige, l'Etat algérien introduit un recours auprès de cette instance, (ICCAT), afin de pouvoir récupérer son quota de thon pour 2011. Hélas, ses représentants étaient bloqués au pays, en raison de cette histoire de non-délivrance de visa. Les autorités consulaires des pays concernés ont immédiatement démenti cette information. Un investisseur algérien, propriétaire de thoniers, avait contredit les propos du ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, pour montrer du doigt les vrais responsables de cette déconfiture, qui a mis l'Algérie en position de hors-jeu au niveau de l'ICAAT. Les enjeux sont énormes. L'intérêt national doit prévaloir. La justice devra passer pour assainir les lieux.