A l'issue de la première soirée de la 7e édition du Festival de la chanson arabe de Djemila, cheb Khaled, le king du raï, a répondu aux questions d'El Watan Week-end. - Suivez-vous l'actualité du pays ? Et comment ! En dépit d'un agenda surbooké, il m'est impossible de me détacher ou de me détourner de tout ce qui touche mon pays. Pour preuve, le dernier débrayage du personnel navigant d'Air Algérie ne me laisse pas indifférent. Il est vrai que la grève est pour une démocratie, un droit constitutionnel, mais on n'a pas non plus le droit de prendre en otages des voyageurs, notamment les enfants, les femmes et les personnes âgées qui ont souffert des jours durant dans les aéroports d'outre-mer.
- Que pouvez-vous dire du printemps arabe ? Les révoltes à la Che Guevara sont révolues. Le peuple arabe, qui exige la dignité et le droit à la parole, doit à mon sens éviter la violence générant la casse et la destruction des bien publics acquis au prix fort. La revendication pacifique peut régler pas mal de problèmes. Laissez-moi vous dire que certains nouveaux «révolutionnaires» veulent à travers ces mouvements, exprimant certes un mal de vivre, renverser les rôles. Vous conviendrez avec moi qu'un vendeur de cigarettes ne peut pas devenir du jour au lendemain un raïs. - Qu'avez-vous envie de dire à cheb Mami qui ne rate aucune occasion pour vous égratigner ? Je vous en supplie, ne me posez plus ce genre de question !
- Peut-on connaître les raisons de votre absence au Festival de la chanson raï d'Oran ? Si je suis devenu le king de la chanson raï, c'est grâce à Oran. Je n'ai aucun problème avec les organisateurs du festival, des amis. Vous devez aussi savoir que j'ai eu l'honneur et le plaisir de célébrer le 49e anniversaire de la Fête de l'indépendance à El Bahia où je me suis donné à fond. Monter sur scène avec mon maître Blaoui Houari, l'autre chantre de la chanson algérienne, prouve mon attachement à Wahran qui vit en moi. Le reste n'est que balivernes.
- Quelle appréciation faites-vous de la multiplication des festivals durant cette période estivale ? Pour une fois, l'appel du public et de l'artiste algérien, profitant de la moindre occasion pour aller à la rencontre de ses fans, a été entendu. C'est magnifique de constater que l'activité culturelle n'est plus concentrée dans un ou deux endroits. L'émergence des festivals à Djemila, Timgad, Constantine, Béjaïa, Tizi Ouzou, Alger, Oran, Sidi Bel Abbès, Tlemcen, pour ne citer que ces espaces, est une très bonne chose à mettre à l'actif de la ministre de la Culture, à l'écoute… - En reprenant de nombreux anciens tubes, vous avez sans nul doute voulu transmettre un message… Le temps de la chanson sandwich est presque consommé. Il est à mon avis temps de non seulement réactualiser notre patrimoine, mais aussi de le valoriser, car il est riche en qacidates (poèmes) d'une incommensurable valeur artistique.