«Aucun dispositif particulier n'est prévu pour le mois du Ramadhan», avait déclaré Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur, lors de la sortie d'une promotion de la DGSN. Mais la donne a vite rattrapé le discours officiel. Alors que bombes et kamikazes frappent la région est d'Alger depuis le début de l'été, faisant plusieurs morts, la question du retour à l'activité terroriste de certains repentis inquiètent, à en croire nos sources, les services de sécurité. «Nous avons démantelé des groupes de soutien, nous a-t-on dit, composés essentiellement de terroristes repentis, notamment à Bouira et Boumerdès.» Entre attentats désespérés ou démonstrations de force, une source militaire engagée dans la lutte antiterroriste opte pour les deux options : «Ce n'est pas un phénomène nouveau. Chaque été et à l'approche du mois de Ramadhan, les groupes terroristes se redéploient. Cette période est vitale et stratégique pour les groupes terroristes. C'est la période des recrutements et de ravitaillement. Ils profitent de l'augmentation de la circulation et de l'engouement des touristes pour se faufiler parmi la population, explique-t-il. Or, par cette chaleur, les conditions de contrôle des services de sécurité, mobilisés en permanence, ne sont pas optimales.» Le message de ces attentats ? Remonter le moral des troupes, défier les autorités et mobiliser les médias. En commettant des attentats kamikazes, une signature d'Al Qaîda, les terroristes émettent un signal fort de ralliement et de loyauté à la nouvelle direction de la nébuleuse djihadiste internationale. Autour des mosquées «Il faut savoir aussi que ce genre d'attentats est un message d'alerte et un appel au secours aux autres groupes qui écument les différentes régions d'Algérie, voire même d'ailleurs, notamment du Sahel, car les transmissions sont totalement coupées et hautement surveillées», poursuit-il. Selon lui, les groupes terroristes seraient en manque de munitions et d'armement, même si en juin dernier, des armes de nouveau calibre sont apparues dans la région de Tipasa, vraisemblablement en provenance de Libye. «Seulement voilà, cette année est marquée par des attentats spectaculaires, menés par des kamikazes.» D'autres informations laissent entendre que la menace terroriste pèse également sur Alger. Depuis deux semaines, entrer dans la capitale est devenu un challenge. La police parle d'un plan sécuritaire «expérimental» pour tester le degré de vigilance des éléments de la police et évaluer la fluidité de la circulation. Ce plan «exceptionnel» mis en place répond à la nouvelle loi sur la lutte antiterroriste, une loi d'exception héritée de l'état d'urgence levée en février dernier. «Les risques sur Alger ne sont pas nouveaux, précise notre source. Nous savons que la capitale est la cible privilégiée pour commettre un attentat. Cela permettrait de réactiver les seriate (cellules de soutien) d'Alger en charge à la fois de la récolte d'information, d'argent et bien évidemment du recrutement. Ce qui justifie le renforcement de la surveillance autour des marchés et des mosquées.»