Aucun nouveau parti politique ne sera agréé avant l'entrée en vigueur de la future loi sur les partis qui interviendra au 2e semestre de 2012, a indiqué le ministre de l'Intérieur. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a déclaré, hier, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio algérienne que la révision de la loi sur les partis n'autorisera pas la naissance de partis islamistes radicaux. “Les partis islamistes qui se revendiquent d'un système autre que républicain, je ne pense pas qu'ils seront agréés”, a soutenu Daho Ould Kablia, en précisant que l'article 42 de la Constitution ne permet pas aux partis politiques édifiés sur des bases religieuses, ethniques, linguistiques, racistes ou sexistes de voir le jour. Quant à l'éventuelle réhabilitation du FIS dissous, le ministre affirme que “c'est un point qui n'a jamais été discuté”. Daho Ould Kablia a annoncé, en outre, que la future loi sur les partis politiques entrera en application au 2e semestre 2012. Jusqu'à cette date, aucun parti politique ne sera agréé. Le ministre explique que la loi sur les partis politiques amendée viendra corriger les insuffisances de la loi de 1990 qui, selon lui, a été promulguée “dans la précipitation et n'a pas évalué tous les contours avec des conséquences négatives que l'on connaît. On s'est retrouvé avec une loi extrêmement permissive”. Loi électorale : deux points à revoir Selon lui, la loi de 1990 a accordé un agrément à plus d'une soixantaine de partis politiques qui ne remplissent pas correctement leur rôle. “Actuellement, il y a à la tête de partis des personnes depuis plus de 15 ans, d'autres sont contestés et il y a même des formations politiques avec deux ou plusieurs directions.” Pour continuer à exister, les partis politiques doivent dorénavant avoir des adhérents dans toutes les régions du pays, tenir des assemblées générales régulièrement et des scrutins à bulletins secrets. M. Ould Kablia assure, par ailleurs, que plus d'une quarantaine de partis sont en attente d'agrément. S'agissant de la loi électorale, deux points essentiels seront revus. Il s'agit d'abord du régime de représentativité où on aura à choisir entre un régime à la proportionnelle totale où prime la majorité, “c'est-à-dire que c'est le parti qui a le plus grand nombre de voix qui aura la moitié des sièges au sein de l'Assemblée”, et entre “un système de représentation qui permettra, par la proportionnelle, à un plus grand nombre de partis d'être représentés”. La question de la compatibilité de l'activité politique avec certaines fonctions et statuts de manière à rompre le lien entre la politique et les affaires, le pouvoir et l'argent, fera l'objet d'une loi organique complémentaire à la loi électorale. De façon à ne pas permettre aux personnes occupant de hautes fonctions, comme les magistrats, ou en rapport avec le milieu financier, comme les industriels, de se porter candidats. Une cinquantaine de mesures antibureaucratiques Abordant le dossier du code communal, Daho Ould Kablia a indiqué qu'il n'est pas question pour le gouvernement de le retirer. “Ce texte a été discuté pendant six mois au gouvernement et quatre mois à l'Assemblée. 120 amendements sur les 240 ont été retenus par la commission juridique de l'APN. Certains ont trait à la formulation et d'autres, de fond, posent en effet problème. Mais je pense que ce texte n'est pas du tout restrictif. Bien au contraire, il est inspiré des standards internationaux.” Dans un autre registre, il indique qu'une cinquantaine de mesures antibureaucratiques sont envisagées, notamment dans le secteur des douanes. Certaines décisions relatives à l'allégement du dossier du passeport et la carte d'identité sont déjà en vigueur, certifie le ministre de l'Intérieur. Daho Ould Kablia lie la recrudescence des attentats terroristes aux réformes annoncées par le chef de l'Etat. Les terroristes “veulent transmettre le message que rien ne peut se faire dans le pays sans qu'ils soient partie prenante”. Quant aux pertes humaines importantes dans les rangs des services de sécurité (19 militaires et gendarmes ont été tués lors des derniers attentats à Tizi Ouzou, Bouira et Boumerdès), il les explique par une baisse de vigilance de leur part, après une période d'accalmie. Les derniers attentats : possible lien avec le conflit en Libye Selon lui, les activités terroristes se concentrent actuellement dans trois wilayas du pays. “Il est évident que c'est toujours possible pour ces groupes terroristes, généralement dispersés, de regrouper un certain nombre d'éléments pour faire une action médiatique”. Quant aux informations portant sur l'acquisition par Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) d'armement en provenance de Libye, elles relèvent, dit-il, non d'une rumeur, mais d'une supposition. Tout en soutenant qu'il ne détient pas encore d'informations précises sur la question, il révèle que les services de sécurité enquêtent pour savoir si les armes utilisées lors de ces actes terroristes sont “nouvelles ou si ce sont celles que les groupes armés détiennent habituellement”. “Il y a évidemment des possibilités d'infiltration d'armement à partir de la frontière libyenne. Je n'ai pas connaissance que ces armes sont déjà parvenues mais, cela n'est pas à exclure (…)”, tient-il quand même à préciser. La situation sécuritaire aux frontières est sous contrôle, à en croire le ministre : “Elle est suivie et contrôlée. Des moyens importants ont été mis en place le long des frontières du Sahel, pas nécessairement à cause de la situation qui prévaut en Libye. Bien avant cela, nos services de sécurité ont renforcé leur implantation aux frontières sud. Ils ont renforcé, également, leur présence au niveau des frontières libyennes.” Pour ce qui est des déclarations de Frank La Rue, rapporteur spécial de l'ONU sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'expression et d'opinion, faites le 17 avril dernier, lors d'une conférence de presse à Alger, M. Ould Kablia les qualifie d'inopportunes. “Elles ne nous engagent absolument pas. Ceux qui veulent nous donner des leçons doivent bien se garder de le faire.”