Le marché des médicaments connaît, ces derniers mois, une tension. Des centaines d'officines butent sur d'énormes difficultés pour s'approvisionner. Malgré cette situation alarmante, le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, refuse de reconnaître l'existence d'une pénurie. Pour lui, «les médecins peuvent prescrire des médicaments qui sont disponibles, mais qui ont une autre appellation». Le premier responsable du secteur a réuni, en effet, au siège de son département, des professionnels d'officines et des syndicats. Une réunion dont le but initial était d'analyser la question pour connaître l'origine des tensions que connaît le marché. Parmi les arguments avancés par le ministre, «la pénurie a été provoquée parce que des importateurs ne se sont pas présentés pour communiquer leurs stocks de médicaments». D'autre part, selon lui, «le problème n'est pas d'identifier qui est derrière les lobbies». Cependant, rien de concret n'a vraiment filtré. La réunion n'a été qu'un simple rendez-vous avec la presse. Le ministre promet, comme à son habitude, de prendre en charge le dossier pour mettre fin aux pénuries, même s'il affirme qu'elle n'a pas eu lieu. En réalité, c'est beaucoup plus pour avoir des rapports à présenter au chef de l'Etat que Ould Abbès a essayé d'éluder cette question. Le ministre de la Santé a d'autre part réfuté le manque de médicaments pour le traitement du cancer au CPMC. «Sur 129 produits indispensables au CPMC, il en manque un seul. Et sur 20 produits nécessaires pour la prise en charge des malades atteints du VIH, là aussi il manque un seul médicament», déclare-t-il. De son côté, Lotfi Benbahmed, président de l'Ordre des pharmaciens, affirme que «la solution pour éviter les pénuries reste la création d'une agence nationale du médicament». «Cet organisme serait contrôlé directement par l'Etat», dit-il. Il a également suggéré de déterminer les responsabilités tout au long de la chaîne de distribution de médicaments. Enfin, dans un exposé présenté par le secrétaire général du ministère, il a été noté l'importation de 5584 produits. Selon le même document, les médicaments génériques distribuées représentent 71% et les princeps 29%. Il existe en Algérie 103 unités de fabrication agréées et 20 unités de conditionnement. Les industriels locaux fabriquent 1350 médicaments, dont 1268 génériques et 82 princeps.