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A cœur ouvert avec Baâziz
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Publié dans El Watan le 03 - 08 - 2011

«Protest singer» algérien, Baâziz, confiné dans sa maison, nous avons pu nous accaparer furtivement d'un moment pour l'inviter à s'exprimer à nos lecteurs. Sans détour, il a répondu à nos questions. Ecoutons-le.
-Nous supposons que votre présence en Algérie signifie que vous vous êtes produit quelque part en Algérie ...
En effet, je viens d'arriver de Batna. J'y ai eu un spectacle fabuleux devant 6000 spectateurs selon mes informations, néanmoins, j'ai l'habitude de chanter dans des salles de 1000 à 5000 personnes. Je vous cite le cas de Grenoble, où j'ai chanté dernièrement devant une assistance de 5000 personnes. Dieu merci, cela a l'air de fonctionner, et je suis content dans ces salles dans lesquelles l'ambiance est extraordinaire. En France, les spectacles pris en charge par les organisateurs sont différents de ceux qui sont organisés en Algérie. Dans notre pays, les professionnels dans l'organisation des spectacles sont extrêmement rares. Il y a trop de choses qui font défaut et manquent.
-Baâziz prépare-t-il des nouveautés ?
Je viens de signer un contrat avec une grosse boîte française. Je ne peux pas vous divulguer son nom. C'est un album de chaâbi (musique populaire algéroise, ndlr) avec des chansons françaises. C'est une commande de cette boîte que je dois satisfaire très prochainement. Ici en Algérie, je prépare un autre album. D'ailleurs, l'une des chansons de cet album qui s'intitule Maruti, est diffusée sur Internet. Je le prépare chez Izem Productions. Je travaille pour cet album depuis des mois, il sortira peut-être dans 2 mois. Mes chansons traitent de la médiocrité, des arrivistes avec leurs fléaux, des problèmes de la jeunesse.
-Pensez-vous que la révolution d'octobre 1988 n'a pas atteint ses objectifs ?
J'estime que cette révolution des jeunes Algériens en 1988 n'a pas été un échec sur toute la ligne. Je vous rappelle que je suis né dans ce monde artistique après cette révolution de 1988, au même titre que de nombreux artistes, des écrivains et des journalistes. C'est le côté positif. Mais d'un autre, je vous dirai que cette révolution de 1988 a été confisquée. Les décideurs l'avaient éloignée des aspirations des jeunes qui sont sortis dans la rue au mois d'octobre 1988. Nous avons été trahis. D'ailleurs, je ne souhaite pas que cela se produise en Tunisie. Hélas, j'ai l'impression que tous les ingrédients qui avaient écarté la révolte algérienne d'octobre 1988 de ses objectifs sont apparus chez nos frères tunisiens. J'ai eu cette sensation de revivre cette situation car je vais très souvent en Tunisie. Sauf que ce qui est arrivé chez nous a mis beaucoup de temps pour apparaître. En Tunisie par contre, je trouve que cela s'accélère. Les islamistes en Tunisie reprennent le terrain. Les opportunistes font leur retour dans les affaires. Je vous informe que je milite à ma façon avec mes amis tunisiens là-bas, afin que la catastrophe qui a cloué notre pays ne se reproduise pas en Tunisie.
-Vous ne craignez pas d'être à nouveau expulsé de Tunisie après ces propos ?
(Rires). Absolument pas. Je me suis habitué aux expulsions de ce pays. Mon combat et ma solidarité avec mes amis tunisiens continuent. J'étais parmi les premiers artistes à dénoncer la dictature de Ben Ali en Tunisie. Cela m'avait valu des problèmes.
-Baâziz, dites-moi, l'artiste algérien arrive-t-il à vivre du produit de son art, de ses chansons dans son pays ?
Les artistes algériens ont été corrompus par le ministère de la Culture. Ils dépendent de Madame la ministre de la Culture, car ils ne vivent pas à l'aise. Cet apport financier du ministère de la Culture est un soutien important pour eux. C'est leur droit. C'est mon constat. Ce n'est pas une critique. Il faut qu'ils arrivent à vivre dans la décence. J'ai eu plus de chance, parce que je fais de la publicité, je fais des tournées en France, en Belgique, en Algérie, en Tunisie, au Maroc. Je réalise des projets parce que je suis indépendant. Sincèrement, je ne compte pas sur le ministère de la Culture pour travailler. Mais je le répète, je ne blâme pas les artistes algériens. J'espère que leur situation s'améliorera et qu'ils vont se libérer pour gagner plus d'argent et faire ce qu'ils ont envie de faire.
-Vous êtes-vous produit cette année en Algérie ?
Depuis le début de l'année, mon emploi du temps m'a permis de me produire 25 fois. J'ai sillonné le pays depuis Constantine jusqu'à Oran, mais pas dans un cadre officiel. J'ai un programme pour ce mois de Ramadhan, en Algérie, en Tunisie et en France. Ici en Algérie, il y a des jeunes qui organisent des spectacles pour gagner un peu d'argent. C'est sain. Ils me permettent de rester en contact avec mon public. Je les aide à ma manière. Vous pouvez le vérifier. Mon cachet est dérisoire. L'essentiel pour moi, c'est que ces jeunes organisateurs de mes spectacles s'entendent avec mes musiciens sur le prix et les payent. Tant mieux, si ces jeunes s'en sortent avec mes spectacles.
-Si j'ai bien compris, vous êtes apte à voyager dans tout le pays pour aider les jeunes...
Pourquoi pas, mais mes moyens sont limités, je ne peux pas les prendre tous en charge. A Batna, mon spectacle s'est déroulé dans un quartier populaire. Franchement, l'accueil du public et des jeunes organisateurs m'a touché énormément. A Oran, je me suis produit aussi devant un public merveilleux dans un quartier populaire, loin des projecteurs des festivals du ministère de la Culture. Mais ce qui me désole, c'est le silence de la presse sur ces manifestations culturelles populaires. Il y avait des journalistes présents dans les salles. Ils n'ont pas écrit un mot sur mes spectacles. C'est leur affaire. Je comprends que l'ENTV et les radios publics me boycottent et me censurent. Mais à ma connaissance, il y a une presse indépendante. Il faut voir ces jeunes volontaires qui se débrouillent pour organiser mes spectacles et s'interroger comment il arrivent à rassembler autant de familles.
-Mais quelle est cette presse ?
A Constantine, c'était archicomble. Le spectacle a emballé les familles présentes. On m'a informé que les représentants des journaux El Watan et El Khabar se trouvaient là. Je n'ai pas lu une phrase sur cette soirée. J'étais déçu. Mais je sais qu'à Batna, on a relaté mon spectacle brièvement dans ces mêmes journaux. Enfin, passons.
Lors du début du quinquennat du président Bouteflika, vous avez été sollicité par le système que vous avez toujours dénoncé avant ?
C'est plutôt ma chanson Algérie mon amour qui a été sollicitée et utilisée par le pouvoir du président Bouteflika. Ensuite, il y a eu l'autre chanson Bladi ya bladi qui avait été exploitée une fois de plus lors de la campagne du président Bouteflika. Bon ! Si mes chansons plaisent au pouvoir et ce système et que ces gens sont fans de mes chansons tant mieux, mais j'aurais souhaité qu'ils soient fans de tout mon répertoire (rires).
-Mais au départ, vous étiez en campagne aux côtés du chanteur et poète kabyle Lounis Aït Menguellat. Vous avez sillonné des villes algériennes ?
C'était une boîte privée qui m'avait sollicité pour «El wiâam» (réconciliation, ndlr). Je me souviens. C'était Adjadjou et Idir Music. J'avais signé le contrat pour cette tournée nationale. Je n'avais pas refusé bien sûr.
-Avez-vous des contacts avec des artistes autres qu'algériens ?
Oui, suis toujours en relation permanente avec le chanteur français Renaud. En plus de mes musiciens français, je suis très souvent invité à participer dans des tournées avec des chanteurs français. Là, je viens de me produire avec Mathieu Chedid, mais je suis accompagné aussi avec des musiciens algériens. Avec mon ami musicien français Didier, j'ai décidé d'écrire des chansons en français qui seront interprétées dans un style musical appartenant à notre patrimoine national.
-Allons-nous voir Baâziz prendre une initiative musicale maghrébine ?
En effet, j'ai un projet inédit que je dois concrétiser. Il s'agit de la réalisation d'une chanson qui mettra en relief un cri d'amour et d'inquiétude des jeunes Tunisiens, pour éviter à ce pays voisin et frère de tomber entre les mains des obscurantistes. Ce sera un clip que vous allez voir bientôt. Mes amis chanteurs artistes marocains et tunisiens participeront à ce clip, un genre du style Algérie, mon amour. Je vous rappelle que j'ai fait partie des premiers artistes étrangers qui avaient dénoncé la dictature du président Ben Ali, avant la révolution tunisienne. Les jeunes Tunisiens n'ont pas la mémoire courte, c'est la raison pour laquelle ils m'invitent très souvent chez eux à présent.
-Justement, que dites-vous des commentaires après la sortie du clip Algérie mon amour ?
(Rires). C'est un clip à Baâziz. La Sacem précise que Baâziz est l'auteur et le compositeur de cette chanson, Algérie, mon amour. S'il y a des gens qui veulent dire des choses, ils sont libres de le dire publiquement. Maintenant, si des chanteurs veulent faire un pareil clip, qu'ils le fassent.
-Vous êtes pris par votre travail en Europe et au Maghreb, pouvons-nous avoir votre opinion sur la situation actuelle dans notre pays ?
Je ne sais pas si c'est moi qui ai changé. Franchement, je n'arrive plus à suivre l'évolution. L'anarchie qui règne m'inquiète. Il y a une régression dans les mentalités et une absence totale de civisme. Le plus grave, c'est l'ampleur des agressions. Je suis jaloux pour mon pays. J'ai l'impression que l'Etat s'est dérobé pour laisser cette situation dangereuse livrée à elle-même. Je vous assure que cela me fait très mal. J'aimerais bien me tromper dans mon jugement. D'ailleurs, ma chanson Bladi ya bladi avait été inspirée dès mon retour après 3 années d'exil. Les mots sont venus tous seuls.
-Quel est le point qui vous tient à cœur ?
Ecoutez ! J'ai visité plusieurs pays à l'étranger. Regardez par exemple Cuba. La pauvreté n'a pas imposé l'anarchie dans ce pays. Bien que pauvres, et leur pays confronté aux problèmes de l'embargo, les citoyens cubains sont organisés et gardent leurs villes propres. L'Algérie est un pays riche, mais qui gaspille de l'argent pour un résultat catastrophique et négatif aussi pour l'image de notre pays. Il y a quelque chose qui ne tourne pas bien. Quelque part, il y a un blocage qui empêche les bonnes volontés algériennes de travailler pour la prospérité de notre pays.
-Vous faites de la politique là...
Non jamais. Sachez que je ne fais pas de différence entre mon travail et le militantisme. Je veux que l'Algérie, mon pays, se hisse à un niveau très élevé et soit respecté. C'est un pays qui possède les femmes et les hommes capables de bien travailler et prêts à relever les défis. C'est un pays riche. Malheureusement, les forces négatives dans le pays sont tenaces. Alors je ne cesserai pas de dénoncer cette anarchie et ce système d'un autre âge qui continue à gérer et à encourager le pillage des richesses de mon pays. Cela est frustrant pour moi. Pour ma part, je m'éclate sur scène. Mon but, ce n'est pas de devenir une star mondiale, un Michael Jackson. Je ne me plains pas de ce qui vient de m'arriver. Dieu merci. Je reviens dans le chaâbi. Je veux reprendre du plaisir. Mais ma douleur sera là, tant que je vois mon pays à l'arrêt et à la dérive. Il recule.
-Ramadhan est là, alors comment vous allez l'aborder ?
Comme chaque Algérien. Je suis en Algérie pour passer le Ramadhan avec toute ma famille et mes enfants. Néanmoins, j'ai donné mon accord pour une quinzaine de spectacles entre l'Algérie, la Tunisie et la France. Vous voyez que ce n'est point facile de passer quelques jours de repos avec sa famille. L'atmosphère du mois de Ramadhan est aussi exceptionnelle.
-Lisez-vous la presse algérienne ?
De moins en moins. Je ne la trouve plus comme avant. Peut-être que ses intérêts sont menacés, alors nos journaux préférés, qui étaient la fierté de tout un pays, se sont rétractés pour préserver leurs avantages. Elle est devenue trop complaisante. Peut-être que le pouvoir algérien, rusé comme à son habitude, est arrivé à corrompre indirectement cette presse indépendante. Je m'interroge encore sur ce changement de comportement de la presse indépendante dans notre pays.
-Avez-vous des projets en Algérie ?
J'ai mon petit studio d'enregistrement. J'aide gratuitement quelques jeunes artistes et troupes musicales qui n'ont pas les moyens d'enregistrer leurs produits. Mais ne comptez pas sur moi pour vous déclarer que j'ai des projets d'investissement dans le pays, car je suis un analphabète en aviculture, en agriculture. Je veux bien m'investir dans le théâtre, acquérir une salle et produire tout ce qui est en relation avec le développement de la culture nationale. Il y a des salles qui sont fermées.
-Avez-vous des enfants qui s'intéressent à la musique et à la chanson ?
J'ai deux merveilleux garçons qui sont en apprentissage. Mon fils Réda est déjà contacté par une boîte française. Il joue de la guitare. Le second joue du piano. Ils écrivent des chansons en français. Je leur inculque nos valeurs ancestrales. L'avenir leur appartient. C'est à eux de choisir la voie.
-On doit se quitter maintenant…
Permettez-moi de souhaiter un bon Ramadhan à tout le peuple algérien, à mes compatriotes qui vivent en Europe, à mes amis tunisiens et marocains. Que notre jeunesse continue à combattre pour libérer notre pays du sous-développement au sens le plus large. Il ne faut pas désespérer. Un jour viendra où notre pays sera illuminé par la bonne volonté et la lutte de sa jeunesse. Mon vœu est que mon pays retrouve les rails du bonheur et du développement, pour faire parler de lui dans le sens noble à travers le monde. Moi je continue à dénoncer la situation qui prévaut dans le pays.


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