La population est abandonnée à son sort. Il n'y a même plus de mises au point pour nier la pénurie d'eau dans les villages. Les citoyens peuvent mener autant d'actions de protestation qu'ils voudraient, la situation reste inchangée, les pouvoirs publics ne s'en émeuvent guère. Dans l'esprit des responsables, il est sans doute tout à fait normal que les villageois souffrent de carences multiples, qu'ils manquant d'eau en été, qu'ils empruntent des chemins escarpés en été comme en hiver. En clair, le développement n'est pas le lot des villageois. Les milliers de milliards annoncés à chaque rentrée par une administration revenant de vacances comme d'une autre planète n'arrivent nullement dans les localités rurales. Des travaux traînent en longueur dans les chefs-lieux, mais rien n'est engagé dans les villages. La réfection d'un kilomètre de route pour soulager des milliers d'usagers, de travailleurs et de scolarisés est une mission impossible pour des responsables dont la seule préoccupation est d'annoncer des projets qui n'arrivent jamais. La pénurie d'eau n'a jamais été aussi grave que cet été dans la wilaya de Tizi Ouzou, alors que le transfert des eaux du barrage de Taksebt est effectif depuis quatre ans et celui de Koudiat Acerdoune depuis l'année dernière. Les efforts des responsables du secteur semblent concentrés dans les agglomérations, où le risque d'émeutes est une hantise permanente. Quant aux villages, ils sont logés à la même enseigne : la sécheresse épisodique ou chronique. Les services chargés de la gestion de l'eau potable s'embourbent dans d'étonnants problèmes, comme la défectuosité des moteurs électriques qui tombent en panne tous les quinze jours, ou des fuites sur les canalisations qui paraissent impossibles à colmater en raison du manque d'équipes techniques. Services techniques dépassés, autorités silencieuses, le citoyen se retrouve seul face à la pénurie. Plusieurs agences de l'ADE ont été fermées par des villageois ces dernières semaines à travers la wilaya pour protester contre la persistance inexpliquée de l'absence de l'eau dans les robinets. Un cynisme officiel est opposé à ces accès de colère des citoyens. Ces derniers rentrent chez eux le soir avec le sentiment d'avoir donné un coup d'épée dans l'eau. Aucune réaction des autorités et rien ne va changer jusqu'à la rentrée, quand les responsables, de retour de vacances, vont encore annoncer des programmes présidentiels mirifiques, des milliers de logements à construire, des pénétrantes, des ouvrages d'art et autres projets improbables qui n'étanchent pas la soif des villageois.