Les banqueroutes continuent dans le secteur bancaire américain, parmi les enseignes moins prestigieuses. Après une semaine noire pour les Bourses, les grands argentiers du G7 ont décidé un plan d'action vendredi, en attendant un sommet de l'Eurogroupe aujourd'hui, mais certains craignent un nouveau coup d'épée dans l'eau. «Il n'y a rien là pour calmer les marchés, pas de substance pour y parvenir», a regretté Peter Morici, professeur à l'université du Maryland. «C'est du bon air, mais de l'air quand même», a ironisé Robert Brusca, de FAO Economics, pour qui «il n'y a pas une seule promesse concrète». Première Bourse à fonctionner depuis ce sommet du G7, la Bourse saoudienne a ouvert sa semaine en baisse de 7% hier, plongeant sous les 6.000 points. Mais cette dégringolade est sans doute également due à la baisse continue des cours du pétrole, passé vendredi sous les 80 dollars à New York et les 75 dollars à Londres. L'engagement des ministres des Finances et banquiers centraux du groupe des sept grands pays industrialisés (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) d'empêcher toute faillite de banque importante est pourtant un message «extrêmement fort», a insisté vendredi soir la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde. De fait, cela devrait permettre d'éviter la disparition d'un géant comme Lehman Brothers, que l'administration Bush avait laissé tomber le 15 septembre, précipitant la crise. Reste que les banqueroutes continuent dans le secteur bancaire américain, parmi les enseignes moins prestigieuses. Vendredi soir, les autorités américaines ont annoncé les faillites de deux banques régionales du Michigan et de l'Illinois, les 14e et 15e à sombrer en 2008. Pessimiste, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia, a appelé, hier, à agir «rapidement» pour régler le «problème de liquidité» sur le marché interbancaire, qui pourrait déboucher sur de nouveaux problèmes de «solvabilité» pour les banques. Sur le papier, le plan du G7 prévoit que les pays membres débloquent le crédit et les marchés monétaires. Il stipule que les Etats permettent aux banques de lever des capitaux auprès des secteurs public et privé. Et il plaide en faveur de garanties «robustes et cohérentes» des pouvoirs publics aux dépôts des épargnants. De même, les Sept se sont dits prêts à faire le nécessaire pour débloquer le marché du crédit immobilier. Pour le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück, ce plan est un signal clair à l'adresse des places financières, et «les marchés peuvent se calmer». Egalement rassurant, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer a répété vendredi que les banques centrales étaient «prêtes à agir à tout moment». Il s'est cependant refusé à préciser si elles avaient l'intention de mener de nouvelles actions coordonnées, comme cela a été le cas mercredi avec une baisse d'un demi-point de leurs taux directeurs, un geste sans précédent depuis les attentats du 11 septembre 2001, par six banques centrales, dont la BCE et la Réserve fédérale américaine (Fed). La Banque centrale chinoise s'est également engagée hier à poursuivre une coopération étroite avec ses homologues étrangères. Après ce G7 Finance, Washington devait accueillir hier une réunion du G20 rassemblant ministres et banquiers centraux des principaux pays riches et émergents. Puis l'Eurogroupe va apporter sa contribution aujourd'hui, lors d'une réunion à Paris. L'objectif de ce sommet sera de «s'assurer qu'au sein de la zone euro les principes définis par le G7 Finance seront étendus, voire aller au-delà», a précisé Mme Lagarde. Outre les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro, ce sommet réunira le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et le président de la BCE, Jean-Claude Trichet. Selon Mme Lagarde hier, une piste pour l'Eurogroupe pourrait être une entrée plus importante des Etats européens dans le capital des banques européennes, «sous capitalisées».