Enfin mes amis, enfin nous y arrivons doucement, mais sûrement : la première semaine du Ramadhan est clôturée ; courage mes amis, la fin est proche. Effectivement, c'est vrai, il fait chaud, il fait humide, les gens sont nerveux, nous sommes à deux doigts de l'explosion du cortex cervical, mais ça va, on tient le coup, il le faut ! N'avez-vous pas l'impression que nous sommes en apnée pendant la journée ? Tenez-vous bien, pour votre information, nous sommes en train de jeûner pendant 16 heures ! Rendez-vous compte ! 16 heures durant lesquelles nous ne pensons qu'à notre devoir de bon musulman, chaque heure étant plus difficile l'une que l'autre et OUALLAH, je les sens minute après minute, ya oun'goulkoum hak rabi lââziz que certaines personnes que je rencontre dans la rue me semblent être absentes, le corps est là, mais l'esprit s'est détaché ! C'est impressionnant comme nous, les Algériens, avons réussi, sans y être formés, à développer la méditation ! Que cela soit dans les marchés ou dans les superettes, chez soi ou dans la rue, je ne sais pas si vous avez la même sensation que moi : nous sommes absents de tout et de n'importe quoi. Bref, tout simplement notre esprit ne fonctionne qu'à 5% de ses capacités. Exemple : vos enfants vous appellent ? «Ma ranich h'na, je ne suis pas là !». Vous êtes cadre dans une entreprise et on vous demande, vous répondez : «Je suis en réunion, je suis occupé ya nass, mais ce n'est pas possible, faut laisser les gens travailler», et là, comme par enchantement, votre voix commence à augmenter de volume comme lors du concert de charité donné par le célèbre ténor Luciano Pavarotti en faveur de la lutte contre la faim (en plein Ramadhan, ça tombe bien). Bref, vous voulez être seul, tout simplement, vous ne supportez plus personne, mais d'un autre côté, c'est pas grave, personne ne vous supporte non plus. Très sincèrement, vous savez la chose qui me stupéfait ces temps-ci, c'est notre administration, et là mes amis c'est tout simplement IN-CRO-YA-BLE, je vous jure qu'ils sont plus nerveux que nous autres réunis, du coup on a peur d'appeler désormais. Pour exemple, je vais essayer d'être le plus clair possible en tentant de transcrire un dialogue téléphonique entre un client et une dame agent d'accueil : Le client : «Allô Massa el khir madame» L'agent d'accueil : «M'ssekhir m'ssieur, oui khouya !» Le client : «Voilà khti, on m'a coupé la ligne de téléphone et donc, jen'ai plus ni le téléphone ni internet !» L'agent d'accueil : «Vous êtes signalé monsieur ?» Le client : «J'ai pas compris madame, ma sma'tch» L'agent d'accueil : «Signalit rouhek m'ssieur ? Vous êtes allé voir le centre Actel ?» Le client : «Mais madame, roht chafthoum, mais makayen ouallou» L'agent d'accueil : «M'ssieur mada bik parle doucement d'abord et ensuite tu vas a Actel pour le signalement» Le client : «Ya khti naâli el chitan, ça fait trois mois que je demande une intervention sur site ya personne, vous trouvez ça normal ?» L'agent d'accueil : «N'ta ma rakch normal monsieur, rana ramdan mathabelnach bezzaf, tout le monde est en vacances, on est en manque de personnel khouya ALLAH GHALEB» Le client : «Madame, yaâtik el saha» L'agent d'accueil : «De rien monsieur, saha f'tourek ! Tu t'inquiètes pas monsieur, ils vont venir Incha'ALLAH» Le client : «Madame, c'est ce Incha'ALLAH qui m'inquiète chez vous !» L'agent d'accueil : elle raccroche au nez Vous remarquerez la détresse du client et les réponses pertinentes de l'agent d'accueil, savez-vous pourquoi cela me fait rire ? Parce que ce client c'était moi et qu'il y en a d'autres qui sont dans la même situation que moi, mais bon, je vais attendre la fin du mois sacré, mois de la piété et de l'exaltation pour y retourner et peut-être retrouver enfin le chemin de la normalité téléphonique ainsi que celle de la connexion à un monde virtuellement et largement vivable. Tonton Hakim qui a juré de vivre sans téléphone ni Internet à partir d'aujourd'hui tout en sachant que demain il retourne voir ses copains d'Actel, promis !