Ancien journaliste, puis chef de service à l'APS, Youssef Zerarka passe de la presse écrite, après près de 30 ans d'exercice, à l'audiovisuel. Après une expérience fructueuse à France 24 en langue arabe, Zerarka exerce actuellement une nouvelle fonction de Producer à Al Jazeera Sport. Un métier qu'il découvre et exerce avec enthousiasme. -Presque 30 ans dans la presse écrite, ça doit être une carrière riche en événements ? Comme vous le constatez, j'ai fait l'essentiel de ma carrière dans la presse écrite et à l'Agence presse service (APS) en particulier. J'ai entamé ma carrière de journaliste en 1982 au service sport, puis j'ai travaillé dans différentes rubriques : économie, nationale… J'ai par la suite assumé des responsabilités avant d'être affecté comme responsable du bureau de Paris. Entre-temps, je collaborais avec El Moudjahid, Algérie Actualité et le journal sportif El Haddef. Le sport m'a d'ailleurs permis d'apprendre le métier sur le terrain et de confirmer une ‘‘règle'' selon laquelle «la rubrique sport est la meilleure école». Mon passage à Paris, cette capitale médiatique, m'a permis aussi d'apprendre des choses que je ne connaissais pas avant. -Et après, où avez-vous exercé ? J'ai travaillé comme correspondant du Quotidien d'Oran pendant six années (2003-2009) au cours desquelles j'ai participé entre autres à la confection d'un spécial ‘‘50 ans du déclenchement de la révolution''. Ma collaboration au Quotidien d'Oran je l'ai mise à profit pour travailler sur une thématique qui me tenait énormément à cœur : «L'histoire du mouvement national». -Comment avez-vous eu l'idée de travailler sur un thème aussi intéressant dans l'histoire du pays ? Lorsque j'ai été chef de bureau de l'APS à Paris, je rencontrais quotidiennement le célèbre historien algérien Mohamed Harbi au salon de thé ‘‘Le Miyanis'', grâce à un ami d'enfance, Abderrahim Arkoub, et à partir de là, j'ai commencé à m'intéresser à l'écriture de l'histoire du pays, notamment celle du mouvement national. -Vous travaillez actuellement à Al Jazeera Sport, comment vous êtes-vous reconverti de la presse écrite à l'audiovisuel, et quelle est la différence s'il en y a ? Avant d'atterrir à Al Jazeera Sport, j'ai travaillé à France 24 pendant 3 ans (de février 2007 à avril 2010) et ça a été une grande expérience pour moi, car je m'exprimais pour la première fois en arabe. Avec l'été, je commençais à Al Jazeera Sport comme producer. C'était pour moi une nouvelle aventure, après plusieurs années dans la presse écrite et ses spécificités. Entre la télévision et la presse écrite, il y a une sacrée différence, mais il y a des points communs dans la formation. La presse écrite est basée sur l'observation, puis le traitement de l'information ; par contre, à la télévision, tout commence par l'image et tout revient à l'image. Cela dit, ce sont finalement deux métiers qui se complètent car la télévision approfondit et accompagne des sujets qui sont suscités par la presse écrite et il arrive à cette dernière de se faire l'écho de certains sujets portés à l'écran et de les traiter à sa manière. -Au fait, vous dites que vous travaillez comme producer à Al Jazeera Sport. C'est quoi exactement ? C'est un métier anglo-saxon où il y a à la fois de l'éditorial et du technique. J'ai travaillé sur le championnat de France sous la responsabilité du directeur de la production, avant de travailler à l'émission ‘‘Bikoul Rouh Riyadhia'' (En toute sportivité), présentée par Hafid Derradji. Une émission singulière dans la grille d'Al Jazeera Sport, en ce sens qu'elle sort du terrain pour susciter des débats sur des questions de fond. Le défi de Hafid et mon défi également, c'est de permettre aux téléspectateurs, via un débat contradictoire, de comprendre les enjeux, les complexités et aussi les problèmes du sport en général et du football en particulier. C'est un programme à succès, en témoignent les réactions des téléspectateurs et des habitués de l'émission, à travers Facebook, le téléphone et surtout à travers le volumineux courrier adressé à Hafid Derradji pour répondre sur des thèmes qui tiennent à cœur le téléspectateur. La preuve, le présentateur de l'émission est exigeant avec lui-même et avec toute l'équipe pour donner le meilleur de nous-mêmes. -En plus du métier de producer, avez-vous d'autres projets à Al Jazeera Sport ? En plus du métier de producer, je travaille à la demande du Directeur général sur le côté prévisionnel : recenser les événements sportifs et travailler avec le collectif à la définition de la grille et de la façon de les couvrir. Pour le moment, il y a deux équipes pré-couverture qui vont entamer le travail à la rentrée sur deux événements majeurs l'année prochaine, à savoir l'Euro 2012 et les JO 2012 pour préparer le téléspectateur et l'installer dans l'ambiance des deux événements. Le défi d'Al Jazeera Sport est de reproduire l'expérience réussie du Mondial 2010 avec une chaîne délocalisée pour assurer à partir du site la couverture de l'événement. Ce sera le 3e Euro pour Al Jazeera Sport après ceux de 2004 et 2008. -Quelle est la relation entre les journalistes en particulier et la communauté algérienne à Doha ? Le Groupe Al Jazeera avec ses différentes chaînes emploie plusieurs dizaines de journalistes qui y travaillent. Les plus connus sont ceux qui paraissent à l'écran, mais tous font un travail très apprécié et qui est vanté par les responsables de la chaîne. En dehors des heures de travail, on se voit et on organise des rencontres entre amis, non seulement de la presse, mais aussi avec des sportifs, des professionnels de l'aérien, des pilotes de Qatar Airways et des cadres qui font la richesse et la variété de la communauté algérienne à Doha.