Réelle volonté de contrôler l'argent de l'Etat ou simple effet d'annonce ? Le ministre des Finances, Mourad Medelci, a annoncé, hier, au cours de la cérémonie de distribution des crédits alloués par la loi de finances 2006, la prochaine installation d'une commission gouvernementale qui planchera sur la « modernisation » du système de contrôle des finances publiques. Cette commission, qui sera chapeautée par le ministère des Finances, devra d'abord détecter, d'après Medelci, les « faiblesses » du système de contrôle algérien. Elle planchera, dans un premier temps, sur son évaluation. Une démarche qui devra concerner l'ensemble du système de contrôle, à savoir la Cour des comptes, l'Inspection générale des finances (IGF), les banques publiques ainsi que la Direction générale des impôts. Le ministre des Finances a déterré, pour l'occasion, le rapport élaboré par Missoum Sbih, portant sur la réforme de l'Etat. Un rapport qui n'a, au demeurant, pas encore été rendu public. On ignore, de ce fait, ce que l'ancien conseiller du président Bouteflika avait prévu pour réformer le système de contrôle algérien. En toile de fond de cette démarche, apparaissent les scandales financiers qui émaillent actuellement la scène économique. Mais même si l'on décèle, à travers cette annonce, un aveu d'échec, le ministre des Finances n'en laisse rien paraître. Disons que nous avons un système de contrôle susceptible d'être amélioré », glisse-t-il. Le renforcement du système de contrôle avait été réclamé à maintes reprises par les parlementaires algériens. La Banque mondiale préconisait également, dans l'un de ses rapports, la mise en place d'importantes mesures allant dans ce sens. M. Medelci inscrit l'amélioration du système de contrôle dans la liste des « grands objectifs » de l'année 2006. Il a ainsi décrété que cette nouvelle année sera celle du « contrôle ». Il promet une « refondation de l'architecture du contrôle ». Il faut dire que l'Etat algérien est désormais contraint à prendre des mesures importantes d'autant que la manne financière atteint des records jamais égalés. La réalisation des ambitieux projets, prévus à l'horizon 2009, passe, de ce fait, par une bonne gestion des deniers publics. Dans cette optique, le ministre des Finances a insisté, hier, sur l'importance de la « transparence ». « La commission gouvernementale planchera sur les moyens d'éviter les dérives. Il faudra surtout réduire les délais d'exécution des systèmes de contrôle », dit-il à ce propos. M. Medelci se donne 18 mois pour y parvenir. L'année 2006 verra, a soutenu Mourad Medelci, la modernisation du système de gestion des banques, l'amélioration du processus budgétaire ainsi que le renforcement du processus de modernisation de l'administration fiscale. Il envisage, par ailleurs, de réformer le système budgétaire. « Il faut absolument sortir d'une gestion basée sur la comptabilité, il faudra faire évoluer les indicateurs de performance. En 2006, nous conduirons cette réforme à son point de non-retour », assure-t-il. Cette année 2006 s'annonce très chargée pour le département des Finances.