Les électro-filtres mis en cause dans la pollution ont été remplacés par des filtres de dernière génération pour une enveloppe financière de 900 millions de DA. Celui qui n'apercevant pas son familier panache de dense poussière flottant monstrueusement dans le ciel, serait tenté de croire que la cimenterie de Béni-Saf est à l'arrêt. La ville, elle-même, ne s'est pas encore rendu compte qu'elle respire enfin son bon air marin ! En fait, il y a une excellente nouvelle à annoncer à sa population comme aux défenseurs de l'environnement, c'est qu'elle va en profiter pour longtemps encore. En effet, les électro-filtres mis en cause dans la pollution de son atmosphère ont été remplacés par des filtres à manche de dernière génération pour une enveloppe financière de 900 millions de DA. Mais, dans l'affaire, ce qui a été jusque là soigneusement caché à la population et à la presse, grâce à un embargo sur l'information, c'est que ce ne sont pas les électro-filtres qui étaient défectueux. Pour le comprendre, il y a lieu de revenir à 2005 lorsqu'un partenariat a été conclu par l'ERCO sur son usine de ciment à Béni-Saf (SCIBS) avec le groupe du syro-saoudien Pharaon. La part, à hauteur de 35% acquise par ce dernier, devait être investie pour faire atteindre à l'usine sa pleine capacité, soit 1 million de tonnes/an sachant qu'en 2004 la production de SCIBS avait été de 708 000 tonnes. Mais le groupe Pharaon qui assurait le management de l'usine a fait si bien que la production, moyennant des transformations apportées dans le process, a fait dépasser à l'usine sa capacité théorique pour lui faire atteindre 1,2 million de tonnes. De la sorte SCIBS est devenue l'une des plus performantes unités de production dans le pays en termes de capacité de production et de distribution. Ne pas s'aliéner la population Tout le monde était satisfait, pouvoir publics comme actionnaires, puisque les besoins en ciment étaient couverts. Cependant, en faisant dépasser la production le niveau de l'usine, on a «oublié» que les électro-filtres devenaient sous-dimensionnés par rapport à la nouvelle capacité de production. D'où les déjections de poussière dans l'atmosphère, sa pollution comme du milieu marin et de l'agriculture sans compter la propagation de l'asthme au sein de la population. Il a fallu attendre 2007 pour que l'on envisage enfin de changer les électro-filtres alors que l'opération aurait du être menée concomitamment avec le relèvement de la production. Des appels d'offres sont lancés pour changer les électro-filtres tant à la cimenterie de Chlef que de Béni-Saf qui appartiennent au même groupe. Mais si à Chlef l'opération a été finalisée début 2010, pour Témouchent, on a tergiversé jusqu'à aujourd'hui, mettant quatre années pour tenir une promesse reculée d'année en année. Le dernier engagement a été solennellement annoncé en octobre 2010 pour qu'avant la fin de la même année les nouveaux électro-filtres soient installés. Il y a lieu à parier que l'opération réalisée même tardivement, est à mettre au compte de l'impérieuse nécessité pour SCIBS de ne pas s'aliéner davantage la population et les pouvoirs publics qui en l'occurrence ont jusque là manqué de fermeté. Ce qui était en jeu, c'est la finalisation de l'extension en cours de la cimenterie afin d'augmenter sa production à 3 millions de cubes d'ici l'année prochaine.