Malgré les richesses naturelles et historiques de la région, la léthargie semble toucher tous les secteurs. En cette période ramadhanesque et estivale, les Bordjiens ont du mal à vivre des activités ludiques, culturelles et sportives. En effet, une véritable sécheresse culturelle, doublée d'un désert en matière de loisirs, caractérise depuis des années la ville de Bordj Bou Arréridj. «Nous ne disposons ni de jardins de détente pour familles (notamment pour les femmes au foyer qui aimeraient bien trouver un espace convivial pour décompresser et rompre avec leur train de vie monotone) ni d'un parc d'attractions, comme il en existe dans presque toutes les villes d'Algérie, ni de point d'eau ou piscine, ni de structures de loisirs à même de tirer la cité de sa léthargie profonde», disent les Bordjiens. Ce sont généralement les cafeterias ou les garages aménagés pour l'occasion qui accueillent les gens pour jouer au domino ou au fameux jeu du mois de Ramadhan le «loto». Pour les enfants, les occupations favorites sont dans la rue, les salles de jeux ou quelques garages, équipés de vidéo à raison de 10 à 20 DA la séance. En dépit de plusieurs tentatives, la ville n'a pas pu créer un rite festif, digne de ce nom, c'est-à-dire susceptible de promouvoir la culture locale à travers un programme riche et diversifié. Pourtant tous les moyens et les potentialités sont là pour permettre un événement de cette envergure, surtout qu'en été la capitale des Bibans accueille beaucoup de nos ressortissants résidant à l'étranger qui viennent pour passer des vacances mais repartent déçus par le déficit atroce en distractions, sachant que ce ne sont pas les créneaux qui manquent pour accrocher les visiteurs et les habitants de la région. De la chanson à la poésie en passant par l'art plastique ou encore le théâtre, tous les ingrédients pour assurer une véritable animation existent. Le théâtre, contrairement à ce qu'on peut penser, est bien ancré dans la ville, mais plusieurs talents ont été contraints d'abandonner la scène, faute de soutien et d'encouragement. Si quelques associations sérieuses proposent un programme d'animation pour le mois sacré ou la période estivale, elles sont toujours confrontées au blocage de certains responsables qui préfèrent se manifester uniquement dans les cérémonies officielles. Mais où va donc l'argent public censé subventionner le volet culturel dans une ville où les jeunes souffrent énormément de la monotonie? Il faut dire que plusieurs initiatives ont été prises par certaines associations ou parfois par des groupes de personnes mais elles ont toujours échoué, car combattues par une mentalité rétrograde, guidée par le seul profit personnel. Ce manque d'activités culturelles, sportives et de divertissement a un impact sur l'économie de la ville, qui pourrait être une véritable destination touristique. Pour rappel, Bordj Bou Arréridj possède un parc d'attractions mais il est délaissé depuis une trentaine d'années.«Aucune attention n'a été accordée par les élus locaux à cette infrastructure et à son matériel forain, rongé aujourd'hui par la rouille», dira un habitant du quartier 500 Logements. Et d'ajouter: «Cet espace de 16 ha est maintenant fréquenté par des délinquants qui l'ont transformé en lieu peu recommandable, voire dangereux, à cause de l'insécurité qui y règne.»