En cette période de jeûne, nul besoin de cogiter longuement pour se faire une idée sur le rythme de vie dans la localité de Chemini. En sus de la monotonie caractérisant cette localité en période ordinaire, le mois sacré pointe son nez pour enfoncer davantage le clou. Dans la plupart des cas, la rue renseigne mieux sur le train de vie. Animée et emplie d'une foultitude de personnes, celle-ci devient alors synonyme de dynamisme et de tonicité. Déserte, elle renvoie à une léthargie et nonchalance de la population. Les journées se suivent et se ressemblent, des ruelles quasi fantomatiques et où les commerçants baissent les rideaux durant l'essentiel de la journée. Les jeunes désœuvrés pioncent jusqu'à l'après-midi pour éviter de se préoccuper dès le matin. Les rares personnes qui sillonnent les artères, par contrainte, s'affairent à régler quelques tâches quotidiennes et faire quelques emplettes. La canicule n'est pas pour rien dans ce basculement vers cette paresse aigue, où jeûneurs et non jeûneurs sont astreints à meubler leurs temps avec les moyens du bord et de ne pas se laisser darder par les rayons du soleil. Même scène de farniente dans les bourgades. Toutes les personnes tirent leur flemme à l'intérieur de leurs maisons, et ne sortent que dans l'après-midi, lorsque le soleil affiche moins d'intensité. C'est à partir de 17 heures que les ruelles commencent à être animées et grouillent de monde venu faire ses emplettes. Entre le boulanger, le vendeur de zlabia et l'épicier, c'est vraiment le rush. Après la rupture du jeûne, une ribambelle de personnes sort revigorée et disposé à caresser la fraîcheur du soir et se retrouver avec les amis. Cette année, la maison de jeunes sise au centre du chef-lieu de la commune propose un espace de détente aux habitants affluant des différents villages en offrant quelques soirées théâtrales.Entre terrasses de café et les éternels trottoirs, les badauds grouillent sur la rue principale, et même les bambins accourent dans tous les sens au milieu d'une noria de voitures. Des tablées de passionnés des interminables parties de dominos et jeux de cartes s'offrent à perte de vue. Un brouhaha général couvre ces parties de jeux où les esprits s'échauffent, mais le tout reste dans un cadre amical. Quant aux férus du loto, ils n'ont le choix que celui d'aller dans les localités voisines, car à Chemini, ceux qui offrent cette distraction sont aux abonnés absents en raison de l'interdiction d'exercer cette activité. S'agissant de la gent féminine, leur activité est réduite au seul menu des séries orientales, feuilletons et autres caméras cachées. Les femmes zappent d'une chaîne à une autre dans l'espoir de trouver un programme qui leur convient.