Il illustrait, à une époque, un haut lieu de l'histoire et de la culture des habitants de la ville de Médéa. Le marché des fruits et légumes incarnait autrefois un bien-être d'une population qui se rencontrait au quotidien pour vivre en harmonie. Les jeunes devaient le respect aux plus âgés sur tous les points de vue. C'était un espace attractif et convivial ; le visiteur ne le quittait que difficilement, emporté par les belles choses au milieu des bonnes odeurs des fines herbes fraîchement cueillies, sans oublier les délicieux fruits du terroir. La «balade» de tous les matins sur ces lieux était un stimulant pour chaque Médéen, en particulier durant le mois sacré de Ramadhan. Car il trouvait tout le plaisir à vaguer à travers des stands de fruits et de légumes bien achalandés, récoltés fraîchement des environs et irrigués avec de l'eau de source des fontaines publiques de Talaiche, El Ançor, Takbou, Tibehirine, etc. qui coulait à flots. La réputation des produits agricoles de la localité donnait aussi le plaisir à des gens d'Alger et de Blida à se déplacer pour faire leurs emplettes et profiter du bienfait du paysage montagneux de l'Atlas tellien. Aujourd'hui, les nostalgiques de ce célèbre marché s'accordent à dire que l'état des lieux ne reverra plus le bon vieux temps calme et saint où la propreté et l'hygiène étaient de rigueur sous l'œil bienveillant d'un seul garde champêtre de la municipalité. A la poissonnerie, les ventes au-delà de 12h étaient interdites et tout produit invendu était aspergé de grésil et détérioré pour protéger les consommateurs de toute intoxication.Ainsi, ces bons réflexes ont disparu avec les gens qui exerçaient ce métier par amour et vocation de père en fils. L'anarchie a tout balayé à son passage, le commerce informel a pris le dessus, on s'en moque royalement de l'ordre et de l'hygiène. Résultat : de monticules de produits avariés se forment en permanence, dégageant des odeurs pestilentielles et fétides au vu d'une foule apparemment presque indifférente, à force de fréquenter les lieux. Pas le moindre effort pour remédier à une situation scandaleuse qui risquerait en cette période de grandes chaleurs (40° à l'ombre) de générer de grands problèmes de santé. La restauration de la centenaire bâtisse du marché a redonné à la population de Médéa un semblant d'espoir, l'année passée.Aujourd'hui, il continue d'être déserté par les locataires tant que les marchands informels barricadent encore les accès des ruelles et du bâtiment.