Après une baisse relative au cours du deuxième trimestre 2011, les prix alimentaires mondiaux repartent à la hausse, faisant planer des menaces sur la sécurité alimentaire dans les pays les plus vulnérables. Les principaux produits ont, en effet, enregistré une nette augmentation au mois de juillet 2011, évaluée à 33% par rapport à 2010 dans la dernière édition du rapport Food Price Watch du groupe de la Banque mondiale. Dans le détail, on apprend que le maïs a augmenté de 84%, le sucre de 62%, le blé de 55% et l'huile de soja de 47%. Cette hausse est due en partie à l'augmentation des prix du pétrole qui affichent +45% par rapport à juillet 2010, mais aussi à la hausse des prix des engrais, qui ont augmenté de 67% sur la même période. La hausse des prix des principaux produits alimentaires de base risque d'alourdir fortement la facture alimentaire de notre pays qui consacre, chaque année, des sommes colossales pour assurer la subsistance de la population. Le rapport de la Banque mondiale plaide pour une vigilance accrue, alors que les stocks mondiaux restent faibles et que l'instabilité attendue des cours du sucre, du riz et des produits pétroliers pourrait avoir, dans les mois à venir, des effets imprévisibles sur les prix alimentaires. En outre, poursuit le rapport, les incertitudes entourant l'économie mondiale et la situation politique dans les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord devraient entretenir à court terme la volatilité des cours du pétrole. En termes nominaux, selon les perspectives agricoles de l'OCDE et de la FAO couvrant la période 2011-2020, les prix de la totalité des produits de base seront plus élevés en moyenne d'ici à 2020 par rapport à la décennie précédente. En termes réels, selon les prévisions des deux institutions, les prix du maïs et du riz devraient être plus élevés respectivement de 20% et 15% par rapport à la moyenne des dix dernières années, alors que les prix du blé devraient rester au même niveau. Pour les viandes, les prix de la volaille devraient être en moyenne 30% plus élevés dans les dix prochaines années. Il est à noter que cette situation sur le front des prix alimentaires sur les marchés mondiaux devrait alourdir la facture alimentaire de l'Algérie qui a ainsi atteint 4,8 milliards de dollars sur les six premiers mois de 2011 contre 3 milliards au premier semestre 2010, soit une augmentation de 59%. Les efforts entrepris depuis 2009 par le gouvernement pour juguler la hausse de la facture et diminuer les importations ont ainsi été, depuis, pratiquement anéantis par l'augmentation des prix sur le marché mondial et les tensions qui sont apparues sur les ventes des céréales notamment. Des prix plus chers et l'obligation de faire des stocks consistants pour prévenir des tensions sociales ont nettement redressé, en Algérie, la courbe des importations et notamment la facture qui leur est consacrée depuis 2010. Selon le Centre national de l'informatique et des statistiques des douanes (CNIS), la hausse de la facture alimentaire durant les six premiers mois de 2011 s'explique par l'importation massive des céréales, semoules et farines, qui ont connu une progression de plus de 99%. La hausse de la facture inclut également une augmentation de 93% pour les produits laitiers, 48% pour les produits sucrés et de 21% pour les viandes. L'Algérie, qui ne compte pas parmi les pays vulnérables au vu de sa capacité financière à faire face aux augmentations enregistrées sur le marché mondial, reste tout de même trop dépendante de l'extérieur, puisqu'elle importe chaque année près de 80% de sa consommation alimentaire. En 2010, la facture alimentaire a dépassé 6 milliards de dollars contre 5,86 milliards en 2009.