Le Conseil international des céréales, qui a publié son rapport mensuel jeudi, table pour l'instant sur un bilan mondial offre- demande " équilibré " pour le blé au cours de la prochaine campagne (2011-2012), alors que la situation resterait tendue pour le maïs. Les prix élevés de la campagne actuelle devraient entraîner une hausse des surfaces mondiales de blé de 3 %, à 224 millions d'hectares, ce qui serait leur niveau le plus haut depuis 1998. Malgré les craintes concernant la production pour d'importants pays producteurs, les récoltes mondiales en 2011 progresseraient de 24 millions de tonnes (Mt) par rapport à 2010, pour atteindre 672 Mt, prévoit le CIC. Pour le maïs, les incertitudes sont encore plus importantes à ce stade de la campagne, mais la production pourrait progresser aux Etats-Unis et en Chine et elle s'établirait à un niveau record dans le monde. Toutefois, la demande devrait rester soutenue et, à moins d'atteindre des récoltes exceptionnellement élevées, la situation restera tendue et les stocks mondiaux de maïs à la fin de la campagne 2011-2012, baisseraient pour la troisième année consécutive. Pour la campagne actuelle, les estimations du CIC évoluent peu par rapport au mois dernier. Les stocks mondiaux de blé à la fin de 2010-2011 restent prévus à 185 Mt (198 Mt à la fin de 2009-2010). Les stocks mondiaux de maïs sont revus en baisse de 1 Mt, à 119 Mt (153 Mt à la fin de 2009-2010). Notons qu'un récent rapport de la Banque mondiale a estimé que les cours des céréales devraient rester supérieurs à la moyenne jusqu'en 2015 au moins,Dans les pays les plus pauvres où les personnes consacrent jusqu'aux deux tiers de leurs revenus quotidiens à l'alimentation, la hausse des prix s'impose à nouveau comme une menace pour la croissance économique et la stabilité sociale. Près de 1,2 milliard de personnes dans le monde vivent sous le seuil de l'extrême pauvreté, caractérisé par des dépenses de 1,25 dollar par jour et par personne, et plus de 60% d'entre elles sont des femmes, ajoute le patron de la BM, selon lequel une hausse des prix alimentaires signifie que les ménages les plus démunis vont devoir consommer des aliments moins chers et de moindre qualité, et supprimer les dépenses consacrées à la santé et à l'éducation. "Les prix alimentaires mondiaux sont en train d'atteindre des niveaux dangereux et constituent une menace pour des dizaines de millions de pauvres à travers le monde", prévient M. Zoellick. "Cette hausse des prix est déjà en train de faire basculer des millions de personnes dans la pauvreté et d'exercer des pressions sur les plus vulnérables, qui consacrent déjà plus de la moitié de leurs revenus à l'alimentation", a-t-il souligné. Selon la dernière édition de Food Price Watch, l'indice des prix alimentaires de la Banque mondiale a progressé de 15% entre octobre 2010 et janvier 2011. Il se situe aujourd'hui à un niveau supérieur de 29% à celui d'il y a un an, et n'est plus qu'à 3% de son plafond de 2008. Parmi les céréales, c'est le blé qui a le plus augmenté. Le prix du blé a en effet doublé entre juin 2010 et janvier 2011. Le maïs a quant à lui progressé de 73%, mais le prix du riz a en revanche augmenté plus lentement que celui des autres céréales, un élément capital pour un grand nombre de pauvres. Rappelons enfin que les prix du blé, maïs et soja, qui avaient atteint début février des niveaux inédits depuis l'été 2008, ont reculé cette semaine à Chicago sous le poids des inquiétudes des marchés financiers face à l'escalade des tensions en Afrique du Nord et Moyen-Orient. La semaine, écourtée lundi par un jour férié aux Etats-Unis, s'est ouverte mardi par un plongeon vertigineux des cours agricoles, alors qu'en Libye la répression contre l'insurrection tournait au bain de sang. Le blé a été particulièrement touché, les pays de la région important de fortes quantité de cette céréale. Plus généralement, les analystes craignent que la flambée des cours du pétrole ne fasse l'effet d'un choc à l'économie mondiale, provoquant un ralentissement de la consommation de matières premières. Le département américain de l'Agriculture a confirmé cette semaine ses prévisions pour la prochaine campagne agricole. Si les surfaces cultivées vont augmenter, surtout pour le maïs, cela devrait à peine suffire à compenser la forte demande, vu les faibles stocks disponibles. Vers 16H00 GMT, le boisseau (environ 25 kg) de maïs à échéance en mai s'établissait à 7,1625 dollars sur le Chicago Board of Trade, contre 7,2025 dollars vendredi dernier. Le contrat de blé à échéance identique s'échangeait à 8,0450 dollars, contre 8,5575 dollars sept jours plus tôt. Le boisseau de soja pour livraison en mai valait 13,46 dollars, contre 13,7350 dollars une semaine plus tôt.