Deux partis de l'Alliance présidentielle, à savoir le MSP et le FLN, ont critiqué l'ingérence de l'administration dans les affaires internes d'un parti politique. En guise de réaction au nouveau projet de loi élaboré par le département de Daho Ould Kablia, le MSP, par la voix de son porte-parole, docteur Naâmane, s'est dit très déçu par les dispositions que renferme ce projet. Des dispositions qui ne répondent nullement aux aspirations des formations politiques. «Certes, il s'agit là d'un projet de loi qui fera l'objet de débat et de discussions au conseil du gouvernement puis au Conseil des ministres avant qu'il n'atterrisse à l'APN. Si le gouvernement n'apporte pas des correctifs à ce nouveau projet, alors il faut dire que nous avons régressé et que nous n'avons rien appris des expériences du passé», s'insurge Dr Naâmane qui pense que le ministère de l'Intérieur n'a pas à dicter la conduite à suivre aux responsables ou aux militants d'un parti politique. Le rôle du ministère, souligne-t-il, est de gérer les affaires courantes des citoyens et de veiller au respect des lois pour éviter l'anarchie et l'injustice. «De quel droit le ministre de l'Intérieur ordonne aux partis politiques de pratiquer l'alternance pour l'accès aux responsabilités. Les statuts et le règlement intérieur d'un parti réservent un chapitre important à cette disposition, sans omettre l'opinion indispensable des militants quant au maintien ou pas du premier responsable du parti», note notre interlocuteur. S'agissant de l'article portant sur l'interdiction aux partis politiques d'avoir des liens avec les associations ou les syndicats, le MSP interpelle le ministère de l'Intérieur et lui demande de définir ce que sont dans ce cas de figure la mission, le rôle et la place d'un parti politique dans la société. «Un parti politique représente toute la société et il s'imprègne de son environnement. S'il ne peut pas travailler en étroite collaboration avec les organisations et les syndicats à quoi sert-il ? La mission du parti est-elle uniquement la course au pouvoir ?» s'interroge le porte-parole du MSP. Regrettant la vision étroite du ministère de l'Intérieur, le MSP parle du recul de la démocratie. «Un parti politique n'est pas un département rattaché au ministère de l'Intérieur pour qu'il dispose de lui comme il veut», note Dr Naâmane qui précise au passage que les partis qui seront les plus lésés par l'interdiction de travailler avec les associations sont le FLN et le RND. «Ces deux partis ont des représentants dans le bureau national qui ne sont autres que des dirigeants d'association, et ce, à l'instar de l'organisation des fellahs, des moudjahidine... Le gouvernement, à sa tête Ouyahia, va-t-il approuver cette disposition ?» se demande notre interlocuteur. Le FLN, pour sa part, a fait une autre lecture de l'article relatif au rapport entre partis politiques et associations. De l'avis de Kassa Aïssi, le nouveau projet sur les partis politiques, qui n'est pas encore endossé par le gouvernement, ne permet pas au parti d'avoir des relations organiques avec les associations, mais rien n'empêche les deux de travailler ensemble. «Cette disposition existe dans la loi 96 régissant les associations. Ces dernières sont autonomes et ne peuvent avoir une relation directe avec un parti, mais les adhérents de ces associations peuvent être des militants d'un parti», a affirmé le représentant du FLN, en précisant qu'il serait anticonstitutionnel d'empêcher les militants d'un parti de travailler avec les association ou les syndicats. Concernant la question de l'alternance pour l'accès au poste de responsabilité, Kassa Aïssi qualifie cette disposition d'aberration. «L'alternance existe dans les statuts du parti et c'est à ce dernier de la mettre en œuvre. Si le comité directeur d'un parti ne veut pas opérer des changements à la tête de la formation, le ministère n'a pas à s'immiscer», estime M. Kassa.