Le deuxième homme fort de Tripoli a rallié l'opposition dans la nuit de samedi. La chaîne qatarie Al Jazeera a été la première à donner l'information. De son côté, le porte-parole du régime libyen, le jeune Brahim Moussa, avait, le lendemain, affirmé que «Jaloud a quitté le territoire pour des raisons de santé». Cependant, dans la soirée de dimanche, le général-major est apparu sur la chaîne Al Arabya pour confirmer son revirement de cap. Selon lui, «El Gueddafi est un malade et un fou furieux qui vit dans des rêves. J'avais décidé de rejoindre la rébellion, car il ne pouvait plus guider la Libye dans la voie du progrès». Abdeslem Jaloud, également réputé pour sa férocité et ses exactions, a tout de même gagné une immunité. Depuis quelques mois, un contact était établi entre lui et les rebelles. «Je collabore avec le CNT depuis le mois de mars. Je fournissais des armes aux poches dormantes de rebelles basées à Tripoli. Je leur ai demandés de sortir le moment opportun. En partant vers l'Italie, c'était là le signal pour le CNT d'ordonner aux troupes mobiles d'accéder à la capitale.» Tout porte à croire que Jaloud ne risque pas d'être poursuivi lorsqu'un nouveau pouvoir sera mis en place en Libye. Celui qui était le bras droit de Mouammar El Gueddafi depuis «la Révolution de 1969» révélait, dans son entretien sur la chaîne saoudienne, que les deux fils du colonel, Seïf El Islam et Saad, ont été désignés par leur père pour, respectivement, infiltrer les milieux libéraux occidentaux et la mouvance islamiste libyenne. «Seïf El Islam devait jouer le rôle du futur politicien aux visions économiques libérales, afin de gagner la sympathie de l'Occident. Etonnant, puisque tous ses diplômes sont faux. Seïf El Islam et son père ont la même mentalité génocidaire. Il ne comprend rien à la politique. Il n'a aucune vision», affirme Jaloud. L'autre fils du colonel, Saad El Gueddafi, est un homme d'affaires, anciennement joueur de football. «Quant à Saad, son père lui a demandé de se laisser pousser la barbe pour sympathiser avec les islamistes et les différents courants salafistes. El Gueddafi voulait berner tout le monde. En fait, il ne préparait pas seulement Seïf El Islam pour prendre les destinées du pays. Il avait un plan. Diviser les tribus et laisser ses enfants régner sur la Libye éternellement», révèle Jaloud. S'agissant d'une éventuelle fuite d'El Gueddafi, Jaloud a indiqué que «s'il est encore à Tripoli, il n'a aucune possibilité de sortir. Tous les ports sont fermés et la ville contrôlée par les rebelles». En ce qui concerne la probabilité d'un acte de suicide, l'ancien n°2 du régime pense que le colonel «n'a pas assez de courage pour prendre une telle décision». Abdeslem Jaloud fait partie du groupe de militaires qui a destitué le roi Idriss 1er en 1969. Il était le plus proche du colonel El Gueddafi. Il est son ami d'enfance, ils avaient suivi le même cursus à l'Académie militaire de Benghazi. Il a été Premier ministre de 1972 à 1977.