Dans la wilaya de Boumerdès, la concession des plages à la gestion privée, s'est révélée être une véritable ‘expropriation' du citoyen. Les pouvoirs publics, dont l'incompétence à faire respecter la loi n'est plus un secret, se sont voulus rassurants au début de la saison : «des espaces suffisants seront laissés libres d'accès sur chaque plage pour les estivants qui ne voudraient pas s'installer dans les endroits concédés,» répétait-on à l'adresse des rares voix qui dénonçaient le procédé. Mais le temps les contredira très rapidement. Le littoral a été littéralement squatté partout où le privé a mis le pied. Nous l'avons constaté sur les différentes plages de Boumerdès où il ne restait aucun espace libre. Pour passer un moment à la plage, les citoyens se sont retrouvés dans l'obligation de débourser 200 DA pour la location d'un parasol, et 300 DA pour une table et des chaises. «Une journée au bord de la mer pour fuir les tracasseries quotidiennes, c'est tout ce qui nous restait d'accessible. Mais voilà que le pouvoir décide de ‘privatiser' cette ultime poche où le peuple se retranche pendant l'été. C'est une véritable expropriation du peuple qui est en train de se réaliser,' déplore, Said, un habitant de la ville de Boumerdès rencontré au Front de mer. Est-ce qu'une journée au bord de la plage pour 500 DA est accessible au citoyen ? Non. Parce que cela représente une journée de travail. Les autorités ont justifié cette concession par les «bons résultats» obtenus ces trois dernières années sur le plan «rentrées pour la collectivité, l'entretien des plages, et la sécurité». Mais le citoyen n'est pas dupe : «Le pouvoir, incapable d'assurer la sécurité des citoyens parce que trop occupé à réprimer les voix discordantes, la sous-traite au profit de ses soutiens. En ville celle-ci est cédée à des voyous qui squattent des espaces pour en faire des parkings. Sur les plages, elle est concédée à une autre catégorie,» commente Saïd. Les citoyens, qui tirent ainsi la sonnette d'alarme, s'inquiètent, d'autant plus que les autorités prévoient une quinzaine de zones d'expansion touristique le long de la côte à Boumerdès. Ceci rendra le littoral, de nature inaliénable parce que relevant du domaine public, simplement une chasse gardée et un bien privé des riches. «On parle d'investissements qataris, saoudiens, et d'autres nationalités des pays du golfe, sans nous dire que les espaces ainsi vendus ne seront accessibles que moyennant de colossales sommes d'argent. Voilà comment le pouvoir en place se permet d'exproprier le peuple et vendre un bien public,» commente un autre citoyen.