Donné pour capturé à Tripoli dans la nuit de dimanche à lundi, l'un des fils d'El Gueddafi, Seïf El Islam, a défié hier, près de 24 heures après, la rébellion. Les images données par quelques agences de presse et reprises par plusieurs chaînes satellitaires ont fait grincer les dents du côté de Benghazi, où siège le Conseil national de transition (CNT), l'organe politique des rebelles. C'est le président de cet organe, Moustapha Abdeljallil, qui l'avait annoncé avant que l'information ait écho du côté de la Cour pénale internationale (CPI) qui le recherchait. La nouvelle est passée en boucle pendant longtemps. On disait même qu'un autre fils du «guide» libyen, Mohamed, a été capturé avant d'apprendre qu'il a pris la fuite. Aucune image n'est venue conforter les nouvelles données par le CNT qui pourtant en avait bien besoin. Seïf El Islam aurait été un bon trophée de guerre ! Moustapha Abdeljalil a-t-il été induit en erreur ? Un mensonge d'une telle taille est un énorme risque parce que l'apparition du fils d'El Gueddafi hier sur les écrans de plusieurs télévisions a surpris plus d'un. Seïf El Islam a défié la rébellion en se moquant du CPI et en invitant les journalistes à faire une tournée dans les quartiers de Tripoli au nez et à la barbe des rebelles qui déclaraient contrôler presque la totalité du territoire. Seïf El Islam, qui voulait balayer d'un revers de la main ce qu'il qualifie de rumeurs, est-il lui-même victime de l'intox du CNT ? Parce qu'on peut supposer que l'organe politique de la rébellion voulait faire sortir le fils d'El Gueddafi de sa tanière. Si tel a été l'objectif de l'intox distillée avant-hier à longueur de journée, c'est chose faite. En se précipitant à démentir l'information avec image à l'appui, Seïf El Islam a donné plus d'une indication sur le lieu où il se trouve. L'enregistrement, selon des responsables libyens, a été fait à Bab El Azizia. Et Bab El Azizia, ce bunker d'El Gueddafi, qui s'étend sur une superficie de 6 km2, a été la cible hier d'une intense double attaque des rebelles et de l'aviation de l'OTAN. La sortie de Seïf El Islam pourrait s'avérer ainsi être une preuve qu'El Gueddafi père n'était pas loin. Si c'est un mensonge calculé, le CNT s'en sortirait avec les honneurs. Mais d'autres hypothèses parlent d'un certain cafouillage au sein de cette instance, dont le président était dans l'embarras hier lorsque des journalistes lui ont demandé de s'exprimer sur l'évasion de Mohamed El Gueddafi et la balade à Tripoli de son frère Seïf El Islam. En fait, parallèlement aux affrontements armés, les deux parties se sont livrées à une guerre d'intox, où tous les coups étaient permis. D'aucuns pensaient d'ailleurs que Tripoli était une forteresse imprenable. El Gueddafi laissait entendre qu'il n'avait pas encore utilisé ses forces. Certains avaient même conclu qu'il possédait des missiles Scuds ou des armes bactériologiques. C'est en fait un coup de bluff. Et la rébellion qui fêtait dimanche soir la prise de Tripoli c'était une exagération. Preuve en est, les combats qui ont eu lieu hier dans les rues de la capitale libyenne.