En nous recevant chez lui, un habitant du bidonville de la cité du 1er-Novembre à Tizi Ghenif, au sud de Tizi Ouzou, nous accueille par ces mots qui en disent long sur la situation et le cadre de vie dans ce quartier : «Nous voulons être des Algériens à part entière». Les habitants de ce quartier vivent un quotidien très rude, marqué de souffrances et de manque en tout. La dernière répartition des logements dans la commune n'a pas tenu compte des demandes des habitants de ce bidonville. Sur les lieux, on constate des flaques d'eaux usées, déversées à ciel ouvert et l'amoncellement d'ordures ménagères que des enfants côtoient au quotidien, d'où le risque de maladies dangereuses particulièrement en cette période de canicule. Tout le quartier pullule en rongeurs et autres bestioles nuisibles (moustiques, mouches, cafards…). Pendant ce temps, d'autres baraques continuent impunément de pousser tels des champignons, rognant et empiétant progressivement les lieux sur une importante superficie de terrain public. La plupart de ces baraques, sérieusement fissurées, risque de s'écrouler à tout moment sur leurs occupants. Le chômage frappant de plein fouet les jeunes du quartier, ces derniers ne manquent pas de s'adonner aux activités du «trabendo» (contrebande) en vendant tout ce qui leur tombe entre les mains pour subvenir à leurs besoins et souvent à ceux de leurs familles. «On vit dans l'inconfort matériel et psychique, pas d'espace pour les jeunes qui ne rêvent même pas pour quelque loisir, sinon de survivre quotidiennement à la réalité et la dureté de la vie», raconte un jeune gagné par le désespoir. Issus d'une quarantaine de familles, ces jeunes habitants du bidonville, laminés par le chômage, se regroupant dans un espace mitoyen à leurs baraques, se demandent si le développement va arriver un jour dans leur localité. «L'Etat est riche, mais nous restons pauvres».