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La position de l'Algérie envers le conflit lybien vu par des experts
Contrechamps : les autres articles
Publié dans El Watan le 26 - 08 - 2011

Lors du conflit libyen, l'Algérie s'est entêtée à soutenir le «guide» de la révolution libyenne Mouammar El Gueddafi, une position qui signe l'échec de la diplomatie algérienne. Tiraillée à l'ouest par sa frontière avec le Maroc et maintenant à l'est avec la Libye, l'Algérie risque de connaître des troubles, selon les experts.
- Antoine Basbous. Politologue libanais et fondateur de l'Observatoire des pays arabes : L'Algérie pas heureuse de ce changement ...

«La première conséquence est que l'Algérie a, maintenant, deux voisins arabes qui ont fait la révolution et accédé à de nouvelles gouvernances ; et un troisième qui s'est engagé dans une réforme à froid», estime Antoine Basbous. «Les dirigeants algériens ne doivent pas être très heureux de ces changements qui les déclassent et qui montrent que la révolution algérienne entamée en 1988 n'a toujours pas abouti, plus de vingt ans après», poursuit-il. Y aura-t-il contamination pour autant ? «Pour l'instant, je vois que l'Algérie réagit à toutes les revendications en achetant la paix sociale, sans engager des investissements productifs», dénonce-t-il. «Est-ce suffisant ? Les citoyens n'ont pas gagné en libertés politiques, ni en droits», tranche-t-il. Les récents événements, survenus en Libye, «vont sans doute provoquer une onde de choc profonde, bien que toujours pas perceptible en Algérie», assure le politologue installé en France. «Une situation à méditer, alors que deux pays limitrophes ont changé de cap au moment où l'Algérie demeure inerte.» A ce propos, Antoine Basbous déclare : «Je sais que la population a déjà payé cher ses revendications en 1988 et pendant la décennie noire, mais il faudrait qu'il y ait de véritables réformes et non une distribution de devises à tous ceux qu'on voudrait calmer.»
Par ailleurs, les tensions entre Alger et le Conseil national de transition sont exacerbées par les atermoiements d'Alger à le reconnaître à la tête de la Libye. Une situation qui «pèsera sans doute sur le ré-enclenchement des relations bilatérales qui ne sont franchement pas bonnes.» Selon lui, «c'est un chantier diplomatique, de voisinage et de fraternité à mettre en place au plus vite, estime-t-il, d'autant plus que les deux pays ont des sujets importants à traiter, notamment, ce qui se rapporte à AQMI».
En effet, renforcée par ses provisions en Libye aux débuts de la révolution, Al Qaîda au Maghreb a de meilleurs moyens pour sévir. La recrudescence des actes terroristes revendiqués par cette dernière en Kabylie en témoigne, explique le politologue. «AQMI profite des zones de turbulences. Les deux pays doivent au plus vite se réconcilier», déclare-t-il.
A l'échelle africaine, El Gueddafi était un véritable «rival» pour l'Algérie. «Je pense que sur le plan du rayonnement algérien en Afrique, la disparition d'El Gueddafi et de sa capacité de nuisance peut être une bonne occasion pour l'Algérie pour engager une politique dynamique, occuper le terrain et combler le vide laissé par ce dernier», conclut le fondateur de l'Observatoire des pays arabes.


- Hasni Abidi. . Directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) : ... et a manqué d'anticipation et de vision

Pour le politologue Hasni Abidi, la diplomatie algérienne a fait montre sur le cas libyen d'un amateurisme inquiétant. « La diplomatie n'a jamais été dictée par des principes moraux ou politiques et encore moins éthiques, mais elle s'appuie sur la préservation des intérêts de chaque Etat et dans le cas libyen, l'Algérie a été à contre-courant de ses intérêts.» Ce manque de discernement a fait perdre à l'Algérie la possibilité de jouer un rôle comparable à celui tenu par l'Arabie Saoudite lors des événements de Bahreïn. «L'Algérie avait la possibilité de devenir la locomotive du Maghreb et de jouer un rôle prépondérant et de devenir l'interlocuteur privilégié grâce à ses relations privilégiées avec le colonel El Gueddafi et les rebelles du CNT, qui ont, pour la grande majorité d'entre eux, servis l'ancien régime et qui connaissent bien l'Algérie. », analyse le directeur du Cermam.
Manque de vision et d'anticipation de la part de l'Algérie
L'Algérie n'a plus la capacité d'agir, elle va plutôt subir les conséquences de ses positions lors du conflit Libyen. Pour le politologue Hasni Abidi, l'Algérie va y laisser des plumes et va se retrouver rapidement en concurrence directe avec le nouveau régime libyen dans la région. «Le changement de régime en Libye ne peut que favoriser les intérêts de tous les autres pays, au détriment de ceux de l'Algérie. Il ne faut pas perdre de vue que la Libye a les mêmes atouts qu'utilisent l'Algérie depuis de nombreuses années, pour s'imposer en tant qu'interlocuteur privilégie de l'Europe et des Etats-Unis. A moyen terme, la Libye va ravir cette position stratégique à l'Algérie. .»
L'Algérie a l'arrêt
L'Algérie, qui était le pays le plus avant-gardiste dans la région en termes de transition démocratique, va devenir le pays le plus en retrait. Vingt ans plus tard, l'Algérie est le dernier de la classe. «Cette régression est déjà visible avec les événements du printemps arabe», confirme Hasni Abidi.
Et maintenant…
La grande maladresse de la diplomatie algérienne durant la crise libyenne a été l'entêtement du régime à refuser d'entreprendre des négociations avec le CNT sous prétexte qu'il n'était qu'un mouvement de rebellion «Je comprends la position algérienne mais en même temps rien n'empêchait le pouvoir algérien d'ouvrir une fenêtre de négociation avec les rebelles. Il suffit de voir comment la diplomatie marocaine a réagi avec l'arrivée au pouvoir de la CNT, elle a immédiatement envoyé une délégation à Benghazi.»



- Mohamed Chafik Mesbah, politologue et ancien officier supérieur de l'Armée populaire nationale (ANP). : Les intérêts du régime algérien ont prévalu sur ceux de l'Algérie


Pour mémoire, le régime algérien, depuis le début du soulèvement du peuple libyen, a soutenu sans réserve le colonel Mouammar El Gueddafi, pariant sur sa capacité militaire à enrayer les assauts de la rébellion et les frappes aériennes de l'OTAN. Alors que 95% du territoire libyen est contrôlé par les rebelles, à leur tête le CNT, et que le leader libyen est en fuite, retour sur la position algérienne vis-à-vis de la crise libyenne.

L'entêtement solitaire de Bouteflika

Pour expliquer l'entêtement du régime algérien à vouloir sauver le leader libyen, le politologue Mohamed Chafik Mesbah affirme : «Certains pôles de pouvoir, influents dans le système algérien, ont toujours considéré – à tort plus qu'à raison – que le colonel El Gueddafiet son régime étaient des alliés stratégiques de l'Algérie. Peut-être ces pôles de pouvoir ont-ils influencé la décision du chef de l'Etat, mais c'est lui, probablement, qui a pesé de tout son poids dans ce qui aura constitué l'attitude des autorités algériennes vis-à-vis de la crise libyenne. Plutôt que les impératifs de sécurité nationale ou les exigences de solidarité contre l'intervention de puissances étrangères brandis par les pouvoirs publics algériens pour justifier de leur attitude, c'est la volonté de faire reculer l'échéance du changement en Algérie qui aura été déterminante. Maintenir au pouvoir le colonel El Gueddafi et son régime, c'était aux yeux du régime algérien conjurer le mauvais sort en prouvant que les régimes autoritaristes peuvent résister aux soulèvements populaires et faire face aux ingérences étrangères. En ce sens, les intérêts du régime, j'allais préciser du cercle présidentiel, ont prévalu, incontestablement, sur ceux propres de l'Algérie.»
« A défaut de pouvoir parler, avec des preuves formelles, d'appui logistique au régime libyen», Mohamed Chafik Mesbah «considère qu'il suffit de prendre acte de la bienveillance diplomatique discrète mais déterminée et affichée en faveur du colonel El Gueddafi. Cette position, poursuit l'ancien officier supérieur de l'ANP, semble résulter moins d'une position doctrinale vraiment élaborée que d'une peur masquée par rapport à l'effet de contagion que pourrait exercer la chute du régime libyen. C'est ce que les psychanalystes dénomment ‘l'effet subliminal' qui pourrait le mieux rendre compte de l'état d'esprit des responsables algériens dans la crise libyenne. Le spectre de la menace pesant sur le régime algérien pourrait, en effet, selon ces responsables, être tenu à distance aussi longtemps que le colonel El Gueddafi restera au pouvoir. Il fallait prouver, coûte que coûte, pour un usage d'abord interne, que tous les régimes despotiques arabes n'étaient pas, forcément, concernés ni par la vague de soulèvements populaires ni par la succession de chutes de chefs d'Etat qui sévissent dans le monde arabe».

Risque de troubles aux frontières

Il n'en reste pas moins, selon l'ancien officier supérieur de l'ANP, que l'effondrement du régime libyen risque, certainement, de placer l'Algérie face à de grandes difficultés au niveau de ses frontières, par rapport à son espace sécuritaire vital. «Une implosion de la situation en Libye, perspective peu souhaitable mais envisageable, pourrait entraîner, en effet, des troubles sérieux pour l'Algérie, à ses frontières avec ce pays, mais aussi dans l'espace sahélien et même dans certaines régions du territoire national. Flux migratoires incontrôlés, dissémination d'armements modernes lourds et recrudescence du terrorisme sont des menaces réelles. La dynamique de la victoire pourrait, également, donner des idées aux islamistes activistes à travers l'Algérie et même tout le Maghreb».
«C'est, tient à préciser Mohamed Chafik Mesbah, faire preuve de duplicité, cependant, que de laisser imaginer que le maintien à la tête de la Libye du colonel El Gueddaficonforterait les intérêts de l'Algérie. Il existe bien des exemples, du conflit du Sahara occidental à l‘activation des irrédentismes targuis, où le colonel El Gueddafia, ouvertement, encouragé des projets hostiles à notre pays. En aucune manière, ni du point de vue de la morale ni du point de vue du pragmatisme politique, la place de l'Algérie, soutient-il, ne pouvait être aux côtés de la Libye».

Une position diplomatique qui isole un peu plus l'Algérie

«Les hésitations de la diplomatie algérienne face à la crise libyenne, affirme l'ancien officier supérieur de l'ANP,mettent encore plus en relief l'impression de flottement qui caractérise, désormais, la démarche diplomatique algérienne. Certes, l'Algérie n'a plus la même influence que celle dont elle a pu disposer de par le passé, tant au niveau régional qu'au plan international.Les diplomates algériens ne sont pas, nécessairement, en cause. Ils sont, parfois, d'une grande compétence et ils ne manquent pas de convictions patriotiques. Seulement voilà, ces diplomates ne disposent pas de visibilité stratégique par rapport à la démarche diplomatique de l'Algérie. Ils ont, au surplus, pieds et mains ligotés par l'appropriation de toute l'initiative au niveau du chef de l'Etat directement. La diplomatie algérienne, faute de maturation suffisante de la décision et de concertation réelle avec les acteurs de la vie politique et sociale, se déploie de manière saccadée sans projection stratégique ordonnée. Naturellement, cette politique étrangère, qui devrait être le lieu du consensus national, par excellence, ne l'est plus du tout. Et pour cause, un consensus interne fort, c'est le reflet d'une osmose parfaite gouvernants-gouvernés. C'est dire, que quelque part, cet échec de la diplomatie algérienne est celui du système algérien tout entier. Il fut un temps, en effet,souligne-t-il, où jamais un événement régional de cette importance n'aurait pu se produire sans que l'Algérie, forte de son consensus interne, servie par la diligence de ses services de renseignement et la présence effective de sa diplomatie, soit au cœur de l'actualité avec des objectifs clairs et profitables à la nation. Un âge d'or révolu», reconnaît-il amèrement.
Tout en concédant que cette réforme ne peut intervenir en vase clos, sans remise en cause de toute la gouvernance du pays, Mohamed Chafik Mesbah plaide pour ce qu'il appelle«un véritable aggiornamento de la diplomatie algérienne destinée à adapter corps et doctrine diplomatiques à l'ère nouvelle de la mondialisation. La diplomatie algérienne, soutient-il,sous l'influence de responsables qui, de par l'âge même, en sont restés aux schémas éculés de la guerre froide – se déploie comme si le mur de Berlin n'était pas tombé ! Le régime algérien se cramponne à l'idée que sa participation affichée à la lutte contre le terrorisme va le prémunir contre tous les facteurs du changement, qu'ils puissent émaner de l'exaspération populaire ou d'une volonté étrangère affirmée. C'est une démarche infantile. Il suffit, pour s'en convaincre, de se référer à la fin pitoyable des anciens présidents Ben Ali et Moubarak».
L'ancien officier supérieur de l'ANP soutient que «la diplomatie algérienne, par-delà ses positions timorées face aux exigences démocratiques des peuples arabes, ne fait qu'exprimer, en fait, la crainte du régime algérien qui refuse de prendre acte que le cours puissant de l'histoire pousse à la démocratisation des systèmes actuels dans les pays arabes, processus que caractérise, notamment, deux paramètres essentiels, la participation incontournable du courant islamiste aux nouveaux processus politiques en cours et la neutralité bienveillante des armées nationales».
Evolution des relations entre l'Algérie et le CNT
L'ancien officier supérieur de l'ANP, qui exprime, volontiers, son scepticisme sur l'homogénéité, la cohésion et l'autonomie de décision du CNT libyen, affirme, néanmoins, que «la nature ayant horreur du vide, les autorités algériennes seront obligées, après une période d'expectative, de renouer le contact avec les nouvelles autorités libyennes. Il faut se résoudre à l'idée que, désormais, même les conflits localisés, d'intérêt régional, s'inscrivent dans une logique internationale qui gomme les souverainetés nationales».


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