En l'espace d'un peu plus d'un mois, Tizi Ouzou, Bordj Menaïel et avant-hier Cherchell ont été secouées par des attentats kamikazes. Ces attentats portent des signes de durcissement du mode opératoire des groupes terroristes. La recrudescence des actes terroristes qui ont secoué ces derniers jours plusieurs wilayas du pays, notamment celles du Centre, et particulièrement la Kabylie, inquiète sérieusement les citoyens. Attentats ciblés contre des agents des forces de sécurité, des patriotes et même des terroristes repentis. Embuscades, attentats à la bombe contre les forces de l'ordre et des attaques suicide sont enregistrés quotidiennement depuis le début de l'été. Azzefoun, Bordj Bou Arréridj, Aït Aïssi, Baghlia, Taourga, Souama, Dellys, Si Mustapha… la liste des actes terroristes perpétrés cet été reste très longue. Cette recrudescence est d'autant plus inquiétante que les groupes armés, qu'on disait en perte de terrain et en manque d'effectifs, multiplient depuis la mi-juillet dernier les attentats-suicide. En effet, en l'espace d'un peu plus d'un mois, Tizi Ouzou, Bordj Menaïel et Cherchell ont été secouées par des attentats kamikazes faisant une vingtaine de morts au moins et plus de 60 blessés. Ces attentats sont d'autant plus alarmants qu'en plus des pertes qu'ils ont provoquées, ils portent des signes de durcissement du mode opératoire et de redoublement de férocité de la part des groupes islamistes armés. Il y a d'abord l'élargissement du rayon d'action, pour passer de l'est d'Alger (Kabylie) à l'ouest (Tipasa), qui renseigne sur une forte mobilité ou alors sur l'existence de cellules locales ou régionales, prêtes à agir lorsqu'elles sont sollicitées. Il y a aussi la nature des cibles choisies : on ne s'attaque pas seulement à des convois de l'armée, des patrouilles des forces de l'ordre ou des campements isolés, mais à des installations censées être sécurisées. Les terroristes s'infiltrent à travers le maillage sécuritaire pour s'introduire en ville et s'attaquer à un commissariat de police en plein cœur de Tizi Ouzou et de Bordj Menaïel. A Bordj Menaïel, l'attaque était double : une première par un terroriste au volant d'une voiture, suivie d'une autre par un kamikaze qui arrive à moto. Signe qu'on ne se soucie pas des candidats dans ce genre d'action. Ce procédé vient d'être reproduit, semble-t-il, dans l'attaque contre l'Académie interarmes de Cherchell. Et on se rappelle que la moto a été utilisée pour la première fois dans les attaques suicide à Lakhdaria, en novembre 2008, lorsqu'un terroriste avait foncé sur un camion de transport de troupes de l'ANP faisant 13 blessés. Ce qui rappelle curieusement des attaques similaires en Afghanistan, en Irak et au Pakistan. Lorsqu'en septembre 2007, AQMI perpétrait son premier attentat-suicide dans la wilaya de Boumerdès contre la caserne de Dellys, en y introduisant un camion bourré d'explosifs, les responsables politiques, obnubilés par le mensonge de la réconciliation nationale, concluaient précipitamment à «un acte de désespoir des groupes armés résiduels». Ils devaient faire aboutir la «réconciliation», démobilisant les acteurs de la lutte antiterroriste sur le terrain à coups de «concessions destructrices au profit des terroristes».
Ce n'était pourtant pas la première fois que le terrorisme procédait de cette manière pour ne pas le prendre très au sérieux : cinq mois auparavant, ils avaient ciblé le Palais du gouvernement et un commissariat de police à Bab Ezzouar. En décembre de la même année, soit 2 mois seulement après Dellys, ils ébranlaient à nouveau Alger en s'attaquant au siège du Conseil constitutionnel, et à celui de la représentation de l'ONU, manquant de peu l'ambassade du Danemark. Ceci représentait déjà une maturation du procédé qui faucherait des centaines de vies humaines car le phénomène n'était pas nouveau. En janvier 1995 déjà, 4 ans après le début de la subversion et du terrorisme islamiste, le boulevard Amirouche, en plein cœur d'Alger, a vécu un carnage suite à une attaque-suicide contre le commissariat central de la police. Contrairement à ce qu'affirment les responsables algériens, les terroristes ne recourent pas aux attaques suicide «par désespoir». Au contraire, redoublant de férocité, ils doublent les explosions sur le site ciblé. Et ils risquent de les multiplier davantage à l'avenir. Ces attentats s'ajoutent à d'autres déjoués de justesse. Au mois de juillet dernier, par exemple, 3 terroristes qui s'apprêtaient à commettre un carnage à Alger ont été éliminés à Thénia (Boumerdès). Parmi eux figurerait le fils de Ali Benhadj, l'ex-numéro 2 du FIS dissous. Ces attaques ne sont-elles pas l'œuvre d'une organisation capable de frapper partout ?